Année 2000 - Semaines 41 à 52

Liberté, liberté chérie 1

D’une semaine à l’autre, d’un mois à l’autre, d’un an à l’autre, d’un siècle à l’autre, d’un millén… N’en jetez plus !
Que saurait-on souhaiter de mieux à ce département sinon que ses citoyens-électeurs fassent dans quelques mois les bons choix : des femmes et des hommes compétents, honnêtes, ambitieux pour nos communes et notre assemblée départementale. Sans considération politique, il est temps que nos élus et ceux que vous désignerez à ces fonctions s’imprègnent des réalités auxquelles sont confrontés quotidiennement les vrais acteurs économiques haut-marnais. Ceux qui créent les richesses authentiques : l’emploi et les habitants qui restent. Poussons la métaphore jusqu’à l’audace : des habitants qui viendront dans ce département parce qu’un jour, qui sait, l’économie et tout ce qui fait la qualité de la vie (sécurité, nature, santé, loisirs etc.) sera en Haute-Marne mieux que dans les grandes métropoles tentaculaires qui nous entourent.
Qu'il me soit surtout permis de présenter ici, à vous d'abord qui nous faites chaque jour l'insigne honneur de nous lire, les vœux sincères de l'ensemble du personnel de ce journal. Du plus discret de nos correspondants au plus matinal de nos porteurs, que tous se retrouvent dans ces quelques centimètres carrés de papier (sans bois), dans ces quelques gouttes d'encre, pour vous souhaiter le droit de nous lire, de nous apprécier ou de nous critiquer le plus longtemps possible. Je nous souhaite, à nous journalistes, de nous hisser le plus souvent possible à la hauteur de vos légitimes attente de lecteur.
Enfin, pour vous exprimer la même chose avec plus de hauteur d'esprit, plus de talent, plus d'émotion, laissez-moi exceptionnellement vous conseiller la lecture d'un minuscule roman 2. Qu'il est sain d'ouvrir le siècle en dégustant ces mots d'homme libre, hommage subtil à ceux qui ont tout donné pour que la barbarie, au moins ici, ne perdure point.
1 : Titre emprunté au premier éditorial du premier numéro de la Haute-Marne libérée signé Gilbert Bletner.
2 : Michel Quint : Effroyables jardins ; éditeur Joëlle Losfeld. 35 F.


Tri sélectif

Le tri sélectif se met en place partout. Les trois "grandes" villes de Haute-Marne montrent l'exemple. Prenez Chaumont en Tête : ils ont fait le tri, cette semaine. Cyril de Rouvre condamné, out. Ils ont fait le tri entre ceux qui restaient et ont finalement opté pour la candidate désignée par… Thierry Simon, "trié" plus tôt que les autres mais qui tire toujours les bonnes ficelles. Ce sera donc Christine Guillemy, très bien connue dans les services du Conseil général… et totalement inconnue ailleurs. Ce sera dur, même si assurément, elle est d'une autre trempe que Marie-Claire Herbert (si, si, souvenez-vous, celle qui aimait tellement Chaumont et ses colistiers qu'elle n'assiste plus depuis des années au Conseil municipal et se garde bien de donner son pouvoir).
Les Langrois aussi devront trier. Quatre listes, c'est un peu beaucoup. Cela ferait même désordre. Difficile de s'affronter durant trois mois pour se réconcilier entre deux tours sans passer pour des rigolos. Demandez à ce qu'il reste d'opposition à Chaumont ce qu'ils en pensent.
Avrecourt n'a pas la frite. Ses habitants aimeraient bien que les autorités fassent le tri entre les boues et les odeurs. Plus au sud, la population prend peur et se lasse des cambriolages à répétition. Il serait judicieux que les auteurs de ces méfaits bénéficient très rapidement des menus améliorés pour les fêtes d'un centre de détention préventive. Sinon, psychose aidant, on court vers un drame de l'autodéfense.
La semaine s'est terminée hier sur deux informations économiques. On ne sait trop s'il faut s'en réjouir ou s'en défier : Le groupe Girardot (Chaumont) vend une partie de sa holding à des Marseillais. Jean-Marcel Lambinon, nouveau président de la CCI, veut changer le nom de la Chambre afin qu'elle ne soit plus "que" de Haute-Marne. Comme s'il avait pu exister des différences de sensibilité entre gens du nord et gens du sud. Loin de nous cette vilaine pensée !

En attendant l'ADSL

Alors que la CCI désigne lundi son successeur en Bragardie, Jacques Bozzolini se place pour les cantonales de Chaumont sud. Il joue finement. En renonçant officiellement à la tête de liste de l'opposition pour la mairie de Chaumont (qu'il n'avait pas l'ombre d'une chance de décrocher), il s'attire les bonnes grâces du (de la) futur(e) numéro 1 de Chaumont en tête.
Quand il évoque «une personnalité nouvelle […] ayant une connaissance […] de l'organisation administrative» pour mener une liste où il se voit forcément bien placé, on ne peut s'empêcher de songer qu'il est plus sensible aux arguments de Christine Guillemy qu'à ceux de Luc Chatel. Bon plan ?
En attendant, un débat Grisoni - Bozzolini vaudra le déplacement, tant les hommes, les méthodes et les idées sont différentes. A moins qu'un nouveau larron au moins aussi compétent que ceux-là se lance aussi dans la bataille…
La CCI, donc, repart sur de nouvelles bases. Ecrire ici que le new deal de la Chambre de commerce ne fait que traduire dans les faits la fracture nord-sud de notre département va encore heurter les âmes sensibles, chantres d'une unité de façade, d'un monolithisme qui ne favorise pas toujours l'évolution vers les Pays et la Région, plus adaptés aux défis de demain. Mine de rien, le sud a pris de l'avance…
A propos d'avance ou de retard, c'est théoriquement lundi que France Telecom dote la Haute-Marne de l'internet rapide (ADSL). Enfin, pas toute la Haute-Marne. Chaumont et ses proches voisins. Pour commencer. C'est bien lundi, n'est-ce pas, que nos souris fébriles entreront dans le haut débit ? Parce qu'on ne nous dit plus rien. Heureusement que Langres et Saint-Dizier n'ont pas attendu pour se doter de sites Web. Chaumont y passe vendredi. Enfin ! Mais il parait que c'est le top.
Pour ceux qui doutent de l'intérêt de ces choses (par pitié, ne votez pour eux sous aucun prétexte dans aucune élection) Dedome sera présent dans un salon au Japon dans quelques mois… C'est Net, ça marche quand on se donne la peine de croire en nous-mêmes.
(A suivre…)

Manque de temps, pas d'ambition

Chaumont, plus que Saint-Dizier et Langres, s'est illustrée cette semaine en s'inscrivant résolument dans l'avenir ; les deux événements de 2001 (les élections et le Grand Pardon) ont pris racine dans notre quotidien. L'affaire a débuté plutôt discrètement et strictement religieusement pour le Grand Pardon qui demeure, pour la préfecture de Haute-Marne l'événement qui met le plus de monde dans la rue, toutes catégories confondues. Du côté des municipales, à l'instar de la gauche (de ? avec ? contre ?) Jean-Claude Daniel, Chaumont en têtes devient singulièrement pluriel. De plus en plus de dents rayent le plancher au sein de l'opposition. Ensemble (la majorité) se réveille et donnera lundi soir une conférence de presse.
Langrois et Bragards règlent ces choses-là pour l'heure avec plus de discrétion. Cela ne signifie pas que la foire d'empoigne y est moindre.
Parlons de choses sérieuses : le Téléthon a démarré hier soir en Haute-Marne comme ailleurs ; là, il n'est pas certain que Langrois et Bragards se montrent plus discrets que les Chaumontais. On leur en sait gré d'avance. Il est des combats qui méritent plus d'énergie que d'autres.
Pour la bonne bouche, il me faut vous narrer une anecdote : la quasi-totalité des hommes politiques de ce département sollicités pour notre supplément "La Haute-Marne dans dix ans" a été incapable de respecter les délais impartis. Motif avancé par tous : le manque de temps. On frémit à l'idée que ceux qui sont déjà tellement débordés par leurs présents mandats osent en plus lorgner vers les sénatoriales. Mais peut-être cette ambition-là est-elle inversement proportionnelle à la mémoire et au sens commun ?


Réveillez-vous

La semaine qui s'achève s'avère chargée de symboles. Les signes s'accumulent en strates dans nos colonnes. Revenons sur les obsèques de Jean Favre et l'hommage rendu par ses amis à ce témoin d'un siècle en phase terminale. De fin, il fut aussi question avec la mort annoncée de la distillerie d'Eclaron et ses probables implications sociales. Tout près, à Saint-Dizier la SEB subit par ricochet l'effet "vache folle" et recourt au chômage partiel. Un homme politique d'hier disparaît ; une industrie d'hier va faire de même ; une vision de l'agriculture d'hier nous pourrit la vie et sème le doute dans nos assiettes ; le passé est imparfait et le futur bien peu simple.
On le sent poindre pourtant, lui aussi, dans nos colonnes : les artisans du bâtiment embauchent comme jamais en Haute-Marne, le Pays de Langres en gestation s'intéresse de plus en plus aux réseaux de demain. Et chut ! ne le répétez pas : des Japonais ont découvert sur internet un artisan langrois qui fabrique des side-cars à suspension progressive pour BMW ! On appelle cela un mouton à cinq pattes ; une niche ridiculement petite, mais qui devient géniale quand le réel savoir-faire local se pique aussi de faire-savoir. Nos honorables hôtes du Pays du soleil levant seront dans quelques jours à Langres. Croisons les doigts pour Dedôme. Il représente tant ce qui peut sourire à la Haute-Marne.
Une vingtaine d'entre nous ont tenté avec plus ou moins de bonheur et de talent de le décrypter, ce futur proche. Le supplément publié mardi a eu le premier mérite de "faire causer". Puisse-t-il avoir aussi celui de faire écrire. Pas les politiciens (que l'on veut croire d'hier) qui sautent sur le premier média qui passe. C'est aux citoyens qu'il revient désormais d'agir et de réagir. Nos colonnes sont ouvertes au débat. Optimistes de tous les cantons, réveillez-vous.