Année 2001 - Semaines 01 à 10

Qualité : Label Haute-Marne que voici !

La Haute-Marne a brillé cette semaine au Salon de l'agriculture. Ouf ! On manquait de bonnes nouvelles. Voilà une revigorante bouffée d'air pur pour un moral en panne. Attention, ne nous leurrons pas. L'agriculture et l'élevage haut-marnais sont dans le rouge. Des familles entières s'interrogent sur leur avenir. Même sans laisser traîner ses sabots par chez nous, la vache folle y commet de fâcheux dégâts. Reste que l'excellente prestation parisienne d'une poignée d'éleveurs et de fromagers d'ici peut certes nous réjouir, mais aussi, mais surtout, nous indiquer quelques bonnes pistes.
La fromagerie de Saulxures exporte en Asie. Le Gaec d'Izé vend des vaches au Canada. Comme par hasard, on les retrouve parmi l'élite nationale. Il n'est donc pas que des vaincus et des résignés pour (sur)vivre de la générosité de cette terre. Ces deux-là – comme des industriels, par ailleurs… - ont pris le risque d'emprunter pour investir. Mais pas pour solder hier. Pour construire demain. Leur quête constante, obstinée de la qualité commence à payer et paiera plus encore. En Industrie comme en agriculture, la production de masse d'un produit banal n'est plus adaptée à notre département. Conserver ce schéma dépassé dans l'industrie ou l'agro-alimentaire verra les bornés y laisser des plumes. Les conséquences sociales seront considérables. D'autres ailleurs, produiront toujours plus pour encore moins cher. Mais produire mieux, faire meilleur et plus rare, on peut. On sait. Et désormais, on doit.
Le Monde consacrait cette semaine une page entière à l'histoire édifiante d'un boucher spécialisé dans la viande bovine. Son commerce ne s'est jamais aussi bien porté que depuis que la vache démente sème aux vents mauvais ses neurones contagieux. Pourquoi cette insolente réussite ? Il applique chez lui ce que nous devons tous privilégier ici en tout domaine : la qualité avant la quantité.

La droite est gauche et la gauche maladroite

Si les brèves des comptoirs de Haute-Marne parlent beaucoup des élections municipales, la semaine écoulée amène aussi ce département à se pencher sur l'avenir de son or vert.
A Langres, on note à gauche une nette remontée de la cote de Christian Nolot qui dépasserait désormais la favorite officielle Marie-Odile Jacques. Etonnant ? Pas sûr.
Chez les Chaumontais, la gauche est maladroite et la droite est gauche. La gauche est maladroite car la liste de Jean-Claude Daniel passe pour trop déséquilibrée socio-professionnellement. Entre les enseignants et les fonctionnaires, le privé – qui crée des emplois et produit de la richesse - semble bien mal loti. Un ou deux chefs ou dirigeants d'entreprise supplémentaires auraient donné plus de crédit économique à l'équipe d'un homme qui, s'il est réélu, devra encore se réserver les dossiers pointus.
La droite est gauche de ne pas vouloir dire qu'elle est la droite. A force de mettre un mouchoir – maintenant carrément un édredon – sur leurs opinions politiques, Luc Chatel, Gérard Groslambert et autres encartés amnésiques vont faire douter la droite sans rien gagner à gauche. A avancer masquer, on ne discerne plus bien tous les obstacles…
Les Bragards ont moins de scrupules pour annoncer la couleur. Ici, au moins, on sait où on va.
On le sait moins en matière d'agriculture. Les éleveurs haut-marnais sont dans le rouge. La vache folle des autres fait des dégâts chez nous. Fâcheux. La profession est sinistrée. Il est ici de jeunes exploitants qui vont "exploser" face à la mévente qui entraîne la baisse des cours. C'est catastrophique pour eux. C'est grave pour la Haute-Marne. En Europe occidentale, l'agriculture de demain sera de qualité, propre, ou ne sera pas. Notre département a justement les moyens, -l'espace notamment, si cher ailleurs – pour développer une agriculture rassurante et viable à long terme. Il y a toute une économie, derrière, ne serait-ce que les abattoirs de Chaumont, actuellement en crise existentielle. La traçabilité peut devenir un atout, la vache folle un tremplin. Acheter de la viande haut-marnaise n'est pas seulement sain, cela peut aussi être judicieux. Mais d'abord sauver les meubles !

Prés verts et Prévert

La semaine s'avère riche en enseignements ; une fois de plus, les plus importants ne sont pas forcément ceux que l'on imagine. Seul le temps fera le tri. Mais si l'on élimine d'office les vils soubresauts des microcosmes politiques locaux et le radon qui, quoique invisible, dissimule d'autres questions, on se penchera avec intérêt sur trois faits porteurs d'avenir.
Auberive et son canton "désert" voient s'implanter un projet de résidence quatre étoiles. Le tourisme vert prend sérieusement ses marques dans un département fait pour ça. Au moins autant pour ça que pour servir de laboratoire de stockage de déchets nucléaires.
Peu importe, si je puis dire, que le projet de l'Andra soit potentiellement dangereux ou pas. Iriez-vous seulement planter votre tente à La Hague ? Moi non. On peut parier que les touristes auront le même irrationnel raisonnement. Ils n'iront pas passer leurs vacances entre Soulaines (Aube) et Bure (Meuse), c'est à dire …ici. Nos bons élus peuvent toujours dire "à fond le tourisme vert" ou encore "vive Bure et ses prébendes". Mais les deux sont psychologiquement incompatibles l'un avec l'autre. Quitte à choisir… Mais bon, c'est vous qui votez.
Chut, c'est un scoop : Telemonde.Net, une compagnie américaine en forte croissance, envoie dans quelques jours son directeur pour l'Europe à Chalindrey. Si ces gens effectuent le déplacement depuis New-York, c'est vraisemblablement pour engranger autre chose que des Becquerels. Vous souvenez-vous du "triangle magique" et de ses accès haut-débit ? On n'a pas fini d'en reparler. Langrois, de grâce, continuez. Cela finira pas payer.
Enfin, les collégiens de La Rochotte (Chaumont) ont pu assister en leurs murs d'excellence à un spectacle de théâtre de fort bonne facture. Eux et leurs invités du lycée agricole de Choignes ont eu droit à des textes géniaux (Prévert) formidablement interprétés par des professionnels talentueux. On appelle cela la qualité. Offrir de la qualité à des collégiens et lycéens, développer leurs sens artistique et critique est fondamentalement ce que nos enseignants et ce département peuvent faire de mieux pour préserver notre avenir commun. Ah, lire Prévert dans des prés verts… Un jour, cela vaudra cher.

Ces failles qui sentent le gaz

La semaine a été fertile en non-informations. Enoooorme surprise : François Cornut-Gentille est candidat à Saint-Dizier. Marie-Odile Jacques a présenté hier soir sa liste à Langres. D'ici à ce que Bruno Sido nous annonce qu'il envisage de conserver son canton de Saint-Blin, il n'y a qu'un pas que je me risque à franchir ici…
Rien de neuf non plus à la Chambre d'agriculture ; le scrutin y a été marqué par une évidente stabilité. Une nouvelle fois, on a beaucoup parlé d'intercommunalité, et pas seulement dans nos colonnes. Au sud, le retrait de Didier Jannaud laisse songeur. Le Pays de Langres, si bien parti par ailleurs, va sombrer dans l'attentisme jusqu'aux municipales. Dommage.
L'actualité haut-marnaisede la semaine a surtout été marquée par des failles –virtuelles ou bien réelles- qui laisseraient passer du radon du côté du canton de Poissons. Qui se soucierait du radon en Haute-Marne s'il n'y avait Bure à quelques encablures ?
Ce gaz radioactif, probablement inoffensif aux doses auxquelles les Haut-Marnais sont "exposés", est une manne providentielle pour les opposants au labo. L'Andra, pour le moment, joue la carte gênée de la discrétion. Reste qu'un dossier est ouvert ; sinon, comment expliquer que le patron de l'IPSN en personne se déplace mercredi à Chaumont ? Il évitera probablement d'évoquer Bure (Meuse) dans l'enceinte de la préfecture de Haute-Marne. L'Andra a avancé un seul argument : il n'y a pas de fuites de radon le long de la faille géologique de la Marne. Et pour cause : il n'y a pas eu de mesure dans la plupart des communes concernées ! S'il y a une faille quelque part…

Former ou fermer

Cette semaine en apparence anodine s'avère riche d'enseignements ou de symboles pour l'avenir. Les événements discrets qui ont marqué ces derniers jours s'inscrivent dans la durée de ce département. Bien sûr, il ne s'agit pas de la campagne des municipales, soporifique.
Une fois n'est pas coutume, le vent de l'espoir souffle cette fois du nord. La nouvelle et décisive étape franchie par Saint-Dizier pour son grand projet de ville va donner aux Bragards des moyens inespérés pour améliorer un quotidien délétère et restaurer une image qui bat de l'aile. Ce sera à porter au crédit de François Cornut-Gentille. Le travail de fond est en passe de payer. En face des moyens promis, il importe désormais d'aligner des projets pertinents.
L'insistance du préfet, mercredi matin, sur l'intercommunalité, ne laisse plus de doute ; hors l'union, point de salut. Jean-Paul Geoffroy ne l'a pas dit, mais il l'a pensé très fort : songez-y en élisant vos maires ; il y a sans doute encore quelques vieilles badernes isolationnistes qu'il faudra aider à faire évoluer leur carrière ailleurs qu'à la tête d'un conseil municipal ou pire encore au Conseil général.
Là où le bât blesse demeure sans doute la formation. Quand l'inspecteur d'académie insiste sur les moyens croissants globalement accordés aux enseignants haut-marnais, il est beaucoup moins disert sur ces BEP supprimés, quantitativement remplacés par des CAP : on y perd ! A cela répond en écho le silence assourdissant, pire, l'indifférence des élus et des syndicats. La Formation est à la base de tout. Ne pas former aujourd'hui, c'est fermer demain. En Haute-Marne, le défit de l'avenir commence sur les bancs de l'école. Plus on tirera ses bancs vers le haut, plus on préservera nos chances pour demain. Que nous disent les programmes électoraux là-dessus ?

Vous voulez un tuyau ?

Laissez-moi vous donner un bon tuyau : il existe déjà. Ou plutôt, ils existent déjà, ces fameux bons tuyaux, ceux dits "à haut débit", câbles, fibre ou autres. Notre département est plutôt branché en ce domaine. Pas toute la Haute-Marne. En deux mots, risquons une évidence trop souvent tue : l'avenir est au sud. La SAPRR a installé un tuyau tout au long de ses autoroutes. Tant mieux pour le sud. Autre transporteur d'information, France Telecom a installé ses tuyaux au sud de Chaumont. Le haut débit est prêt à irriguer Langres et son Pays. Justement là où se croisent deux autoroutes de bitume (Rolampont). Justement là où se croisent plusieurs lignes de chemin de fer (Chalindrey). Justement là où des hommes souvent issus du monde associatif ont su conjuguer leurs compétences, leur entregent, en faisant fi de leurs sensibilités politiques.
Que ce soit les autoroutes de l'information (innovation), celles des camions (économie) et des voitures (tourisme), que ce soit le rail (industrie) ou les compétences complémentaires de carnets d'adresses pertinents, tout cela relève d'une géométrie physique ou intellectuelle que l'on nomme "réseaux".
Ceux-ci n'ont rien d'occulte ; ils existent déjà. Quelques hommes de bonne volonté, de toutes tendances politiques, ont eu la bonne idée de les interconnecter. Appelons-cela le "Pays de Langres". Ce qui se prépare sous ce label est probablement ce que notre département a produit de plus pertinent depuis des décennies pour préserver l'avenir. Langres et les cantons autour ont pris plusieurs longueurs d'avance. Déjà s'esquissent des lendemains qui chantent. Le Der s'en inspire. Le Pays chaumontais se cherche.
Pourquoi évoquer cela ici ? Cette semaine, sans publicité, des élus ambitieux pour leur Pays, des techniciens et des conseillers compétents et visionnaires ont sillonné ensemble, cartes en main, projets sous le coude, une zone qui s'étendait de Rolampont à Longeau en passant par Chalindrey. Un jour, vous verrez, on en reparlera…

Le bitume et la neige

Bonne année, bonne santé, je vœux bien. Pas pour tout le monde : sortie de route à Condes : un mort. Collision à Dammartin –sur-Meuse : un mort. Un poids-lourd quitte l'autoroute à Courcelles-en-Montagne : un mort. A raison de trois cadavres par semaine sur le bitume haut-marnais, multiplié par 52 semaines, cela fera un peu beaucoup au moment des prochains vœux… Et encore n'évoquons nous pas ici un braquage de banque et la suite bien dense du feuilleton des cambriolages.
Il y aurait bien la politique pour nous faire sourire. Pardonnez l'expression : j'en garde sous la semelle, pour plus tard. Mais tout de même : quatre listes à Langres ! Si le particularisme lingon est tel qu'il nécessite quatre listes et autant de programmes, soit. Mais que tout ce beau monde n'aille pas se rabibocher entre les deux tours, en deux camps qui s'esquissent déjà, après nous avoir fait croire qu'il avait passé des mois à peaufiner des programmes cohérents et des listes savamment structurées. On en reparlera.
Contrairement à Edgard Pisani, les nouvelles optimistes de la semaine sont passées totalement inaperçues :
- On s'intéresse de plus en plus sérieusement à une agriculture bio qui devient crédible (JHM du 12 janvier).
Les enfants de l'école d'Autreville-sur-la-Renne nous ont fait savoir qu'ils étaient en séjour de neige à Grand Bornand. Bon, et alors ? Et alors, tourné autrement, cela peut s'écrire ainsi : les enfants d'une école rurale en déplacement ont pris une photo numérique, se sont connectés sur internet, ont rédigé un e-mail et ont envoyé le tout directement à un média papier tout acquis à leur cause. Gain de temps prodigieux, économies sur toute la ligne, et surtout, surtout initiation concrète réussie pour ces jeunes qui sont l'avenir de ce département. Qu'eux aient réussi là où tant d'élus piétinent lamentablement n'est pas affligeant, au contraire. L'avenir leur en saura gré.

Politique : la trêve des confiseurs

Si nous avons tous changé de millésime, les cambrioleurs, eux, n'ont pas changé de méthode. Il faut se mettre à la place de ces gens : l'exploitation du sud haut-marnais "paie" en toute impunité. Pourquoi changer ?
Les candidats déclarés aux municipales, ou ceux que cela démange, ou ceux qui attendent qu'on les prie de se déclarer ont globalement respecté la trêve des confiseurs en Haute-Marne. Point de déclaration fracassante, ou de petite phrase assassine, si ce n'est la verve habituelle mais cette semaine privée de Thierry Simon qui doit décidément aimer bien les siens, tant il les châtie. Notons que la liste Tibéri, à Paris s'appelle "Ensemble", comme celle de Jean-Claude Daniel à Chaumont.
Du côté des cantonales, c'est encore plus discret. Tout le monde s'en fiche ! Pourtant, sur les seize cantons concernés, quatre sortants – et pas des moindres – ne se représenteraient pas. C'est ainsi que les habitants de Bourbonne, Joinville, Nogent et Montigny seront représentés par de nouvelles têtes au sein de l'assemblée départementale. Sans compter les autres, où les choses peuvent basculer. On imagine mal Bruno Sido disparaître. Mais le Président sortant se doit au moins d'être élu au premier tour avec une large majorité s'il veut gagner en crédibilité face à son opposition… de droite.
Les deux affrontements bragard (Saint-Dizier sud-est avec le PC contre le FN) et chaumontais (Pascal Grisoni contre Jacques Bozzolini) vaudront en intérêt bien des joutes municipales. Enfin, tout cela, c'est de la politique et l'essentiel est peut-être ailleurs : on a assez lu ces dernières années des papiers alarmants sur les difficultés économiques de ce département pour ne pas souligner un inversement de tendances. Il y aura certes encore bien des licenciements – et ceux qui nous dirigent savent exactement combien et chez qui. Mais des entreprises – et pas des politiques – créent de plus en plus d'emplois. Clôturons donc ce rendez-vous hebdomadaire par une note heureuse : le refus de l'évêque de laisser s'installer des traditionalistes à Auberive. Ouf !