Année 2001 - Semaines 21 à 30

 

Quel trou !

Le Comité départemental du tourisme, son président et son personnel s'avèrent bien décidés à faire bouger la Haute-Marne. On va voir ce qu'on va voir ! On plutôt, on va donner à voir aux autres : Parisiens alpinistes des pics d'ozone et autres Néerlandais en quête de chlorophylle.
Cette semaine, il est vrai, les médias nationaux et européens ont évoqué notre verdoyante contrée : un trou en cours ! Celui de Bure, et ses opposants bigarrés. Tourisme vert : peut mieux faire. Passons (provisoirement).
Samedi matin, dans un autre "trou", cette fois au creux du canton de Bourmont qui mériterait lui une véritable promotion touristique à la hauteur de ses authentiques atouts. Extrait :
Le gendarme (qui ne sort pas de sa voiture) : - vous faites quoi ?
Le quidam : - des photos.
Le gendarme : - vous photographiez quoi ?
Le quidam : - des fleurs, des paysages, des jolies choses.
Le gendarme : - pour en faire quoi ?
Le quidam : - ben, des photos...
Le gendarme (qui flaire l'espion du KGB ?) : - vos papiers !
Suit un contrôle en règle du suspect potentiel, même pas basané, avec interrogation du fichier central. La sécurité du département n'était pas franchement menacée. Mais la qualité d'accueil des touristes, si. Bafouée même. Il faudra expliquer aux Haut-Marnais de base qu'un individu étranger au canton, "armé" d'un appareil photo, a toutes les chances d'être un touriste, espèce recherchée et choyée. Seul risque éventuel : que ce ne soit pas un touriste, mais un… journaliste astreint à chronique hebdomadaire.

Ça creuse

Toutes proportions gardées, Bure va être à la Haute-Marne ce que la mondialisation est au G8 : une sorte de prurit. Aujourd'hui, cela Gêne, ça gratte, ça démange. Dans un mois, on aura oublié. Et cela regrattera, re-démangera. On en reparlera. Cela n'empêchera pas l'inégalité des uns et le trou des autres de continuer à se creuser.
Quitte à creuser, penchons nous avec intérêt sur le trou trop discret du Chien à Plumes. Les jeunes qui composent l'association méritent un fameux coup de chapeau. Sans coup férir, comptant plus sur leurs forces aussi vives que bénévoles que sur d'hypothétiques subventions, ils ont mis en place un festival qui marche. Les vieilles charrues ont commencé ainsi. Dans le même esprit. Avec d'autres soutiens, ensuite…
Le chien à Plumes mérite de faire son trou, d'y protéger son os et de le déterrer chaque été ; car il en sera de plus souriants. On n'oserait tout de même pas ici mettre des bâtons dans les roues de jeunes gens dynamiques qui se battent pour créer un véritable événement de qualité dans une région qui se dit touristique à deux pas d'une sortie d'autoroute ! Hein, on n'oserait pas ?

La jeunesse n'est plus ce qu'elle était

La réalité s'avère suffisamment avare en bonnes nouvelles pour que celle-ci titille la déprime haut-marnaise chronique : notre jeunesse n'est plus ce qu'elle était ; tant mieux : elle est meilleure. Alors qu'une poignée d'élus avance des arguments éculés et s'asseoit sur son imagination pour poser plus tard son séant sur un siège de sénateur dans un train du même nom, l'adolescence de ce département démontre son excellence. Brevet : numéro 1 de l'académie. Bac : numéro 1 de l'académie. Et ce n'est pas nouveau !
En lisant les projets de la crème de cette jeunesse qui gagne - les mentions très bien - Charles Fèvre constatait déçu qu'aucun d'eux ne briguait l'ENA. Faut-il vraiment regretter qu'ils caressent d'autres desseins que devenir sénateur ? Nenni !
Foncez, jeunes gens. Allez loin, le temps qu'il faudra, pour en revenir plus riche encore de savoirs et d'ambitions. On connaît le bilan des jeunes d'il y a quarante ans. Ne les écoutez pas pour nourrir vos projets.
La jeunesse de ce département n'est plus ce qu'elle était ? Ouf !

La fête des maires

On fustige ici assez souvent les mous et les frileux pour ne pas souligner cette semaine quelques initiatives fort diverses ; elles cultivent le bon goût de s'intéresser aux jeunes, à la qualité, voire aux deux.
Le Challenge Roland Meunier, par exemple. Jean-Paul Ramillon porte à bout de bras cette initiative qui permet à 1400 scolaires d'ici de mieux se comporter sur la route. De moins y risquer leur peau.
A l'autre extrémité de la pyramide des âges, et avec tout le respect dû à son talent, Jean Robinet ainsi qu'une bonne vingtaine de ses collègues, gens de plume, se réunissent à Joinville pour les Chroniques. Ils y entourent leur présidente, Gil Mélison, qui aura probablement omis de leur signaler que ses nouvelles érotiques – vivifiantes par les temps affligeament loftiens qui courent-, viennent d'être sélectionnées par manuscrit.com.
Cela n'a rien d'érotique, mais pour la bonne bouche, signalons l'élection de Charles Guéné à la tête des maires de Haute-Marne. De nombreux observateurs de tout bord lui reconnaissent moult qualités. Il lui en faudra pour donner des idées à nos élus. Qu'il ne compte pas sur ses vice-présidents : François, Jean-Claude et Christian ont semble-t-il pas mal d'occupations par ailleurs. Avec toutes ces casquettes, ils vont finir par perdre la tête.

Le 25e (mal)heur

Un malheur arrive parfois seul. Fol, naïf, était celui qui escomptait que l'élevage haut-marnais passerait longtemps encore à travers la camisole isolationniste de l'ESB. Il est donc aussi en ce département, comme dans ceux qui l'entourent et moins que dans ceux qui sont plus à l'ouest, des vaches folles. Pardon : une vache folle. Une seule. La vingt-cinquième en France depuis le début de l'année. Une de trop.
Que le bovin s'avère aliéné, soit. Mais puissions-nous, nous, bipèdes évolués, demeurer sains d'esprit et du reste face au cas. La viande labelisée Haute-Marne, née et élevée ici, conserve ses qualités et vertus. La psychose, maladie mentale s'il en est, ne doit pas gagner les consommateurs ; ne laissons pas le virus de l'ignorance commettre plus de dégâts que le prion pathologique. Sur les 324 cas diagnostiqués au total en France, qu'il y en ait eu qu'un dans ce département rural, sur cette terre d'élevage, pourrait presque passer pour miraculeux.
L'affaire nous fait occulter ici la réussite des premières assises nationales de la forêt communale. On a pu relever à Nogent des pistes porteuses d'espoirs pour notre filière bois.

Géométrie variable

Où l’on redécouvre les vertus de la géométrie de base : la distance entre les points b et c est sensiblement la même que celle entre c et b. Jusque là, tout va bien. Imaginez maintenant que l’espace-temps se contracte subitement entre les susdits b et c, par l’effet du TGV Méditerrannée, par exemple. Cela nous met Lyon à 2 heures 44 de Chalindrey, Marseille à 4 h 33. On arrive à 13 h 30. Les restaurants du Vieux Port disposent à peine les nappes.
Et réciproquement !
Tous les médias font grand cas de cette mare nostrum qui vient subitement de se rapprocher des gens du nord. Soit. Au-dessus de Vaux-sous-Aubigny, on gagnerait beaucoup à se faire à cette idée, et à en faire état au sud de Dijon : c’est nous, ici, là, maintenant, qui venons de nous rapprocher d’eux
Tout le monde s’accorde à dire qu’une révolution géographique est sur les rails. A la Haute-Marne, aux Haut-Marnais de prendre le train en marche. Il démarre à peine. Parce qu’il y a peut-être des gens en c qui auraient envie, besoin de venir voir ce qui se passe en b et qui ne le savent même pas. Sans même parler de ceux qui sont en a…

Hâte-toi lentement !

Voilà deux ans, deux adolescents haut-marnais tombaient sous les coups de couteaux assenés par d'autre(s) adolescent(s) haut-marnais. L'un d'eux est mort. Un autre est marqué à vie. Un troisième est en prison. Trois familles s'accrochent, plus qu'elles ne vivent, à des lendemains pâles et vides suspendus au crochet d'un impossible deuil. Dans ces drames, la pesanteur du silence et de l'inaction prolonge les conséquences des gestes maudits de cette nuit maudite. Ne rien faire, c'était faire mal. Faut-il ajouter des suicides à l'homicide ?
L'administration s'est honorée cette semaine à reconstituer le peu qui reste de fiable dans des esprits tourmentés, vingt-quatre mois après les faits. Plus rien ne s'oppose désormais à ce que la Justice des hommes fasse son œuvre. Il est temps que la vérité des uns et des autres - ou ce qui en tient lieu - soit rendue publique. A quelle session d'assises ? Faudra-t-il ajouter un an entre le drame et son épilogue ?
La Justice avance d'un pas de sénateur (pardon messieurs…). La Haute-Marne avance aussi à la vitesse de ceux qu'elle a envoyés la représenter à la Chambre haute. Il n'est que d'observer la nature et la répartition des projets tels qu'ils apparaissent dans la dotation globale d'équipement : plus d'argent pour réparer les églises que pour implanter des activités économiques. Resquiescat in pace !

Le 18 juin manque à l'appel

Etrange semaine ; comme si un jour manquait à l'appel. Lundi très exactement. Lundi 18 juin. Pas une personnalité de renom, pas un Gaulliste fervent pour inviter la presse, cette année, à contempler son recueillement forcément intense ou sa gerbe nécessairement sobre sur la dalle la plus célèbre de Haute-Marne. Signe des temps : cette année, à Colombey, on parle plus cochon que Résistance. Pas de doute, on a changé de siècle.
Notez, il est tout de même venu quelqu'un de Paris, ce 18 juin : une conseillère de Jack Lang. Anne-Marie Vaillé voulait juger par elle-même des innovations mises en place ici dans les écoles et collèges. Car il est ici des innovations en matière d'enseignement. Des enfants qui apprennent mieux ! A long terme, c'est peut-être plus intéressant que des fleurs qui fanent sur une plaque de béton que seule vient désormais mouiller la pluie.
Ce 18 juin a aussi fourni à Bruno Sido l'opportunité d'expliquer qu'il n'écartait pas l'hypothèse de la fermeture d'un collège, pour le seul bien des enfants s'entend. Une nouvelle fois, seul le silence assourdissant des syndicats a répondu à l'information. C'est comme si c'était fait. On prend date ?

Les jeunes en sursis ?

Un Fèvre chasse l'autre : au Comité départemental du tourisme, Charles est président d'honneur, Jean-Marc président tout court. Le "tout court" sait-il ce qui l'attend ? Dans le milieu, certains misent beaucoup sur ce coup de sang neuf ; vous avez vu nos campings ? le tourisme haut-marnais a besoin d'ambition ; dire que le site internet n'est toujours pas traduit en néerlandais ! Il y a du pain sur la planche.
Il y en a plus encore pour l'association départementale de prévention jeunesse (ADPJ), en sursis. Entre ceux qui disent : «j'attends que les autres paient les premiers» et ceux qui disent «je ne savais pas qu'il fallait payer», le préfet a eu la bonne idée de placer tout ce beau monde devant ses responsabilités. «Prenez soin de vos jeunes en difficulté» dit-il en convoquant tout le monde pour une table ronde de la dernière chance.
On peut avancer ici qu'une solution heureuse va émerger pour la toute simple et bonne raison que les différents partenaires n'ont pas le droit d'échouer. Ce serait tout simplement honteux que les maires et conseillers généraux de Haute-Marne ne soient pas capables de faire pour la jeunesse d'ici ce que les autres départements font pour la leur.

Ils ne pensent qu'à ça !

Ouf ! C'est fait ; les voilà donc baccalauréatisés. On saura dans quelques jours si le cru est bon. Notez bien que finalement, ce n'est pas l'essentiel. Car les meilleurs d'entre nos jeunes ont décroché avec leur indispensable parchemin la mention "départ".
Pour Reims, Dijon, Nancy, Troyes, Paris… Pour ailleurs. Pour là où on saura leur parler avenir. Le seul organisme universitaire de Haute-Marne est l'IUFM, qui forme des maîtres dont on ne saura un jour que faire ; le jour, le soir plutôt où on sera en manque de gérontologues. Le pire n'est jamais sûr.
Il est bien quelques privés, quelques fonctionnaires, quelques politiques qui se démènent, proposent, innovent, investissent. Et parfois, souvent, d'autres qui songent aux sénatoriales. Le genre de "planque" qui ne sert plus à grand chose si on relit attentivement la constitution. Mais bon : une rente de neuf ans, ça ne se néglige point. La logique voudrait que la droite et la gauche, parfaitement organisées et cohérentes présentent chacune deux candidats. Vous allez voir ce qu'ils vont faire de la logique et de la cohérence, ceux qui n'ont pour seule ambition que le bien-être de ce département. Et si on les notait sur leurs propositions à améliorer la formation de nos jeunes ? Il y a des gamelles