Quel
trou !
Le Comité départemental
du tourisme, son président et son personnel s'avèrent
bien décidés à faire bouger la Haute-Marne.
On va voir ce qu'on va voir ! On plutôt, on va donner à voir
aux autres : Parisiens alpinistes des pics d'ozone et autres
Néerlandais en quête de chlorophylle.
Cette semaine, il est vrai, les médias nationaux et européens
ont évoqué notre verdoyante contrée : un trou en cours
! Celui de Bure, et ses opposants bigarrés. Tourisme vert : peut
mieux faire. Passons (provisoirement).
Samedi matin, dans un autre "trou", cette fois au creux du canton
de Bourmont qui mériterait lui une véritable promotion touristique à la
hauteur de ses authentiques atouts. Extrait :
Le gendarme (qui ne sort pas de sa voiture) : - vous faites quoi ?
Le quidam : - des photos.
Le gendarme : - vous photographiez quoi ?
Le quidam : - des fleurs, des paysages, des jolies choses.
Le gendarme : - pour en faire quoi ?
Le quidam : - ben, des photos...
Le gendarme (qui flaire l'espion du KGB ?) : - vos papiers !
Suit un contrôle en règle du suspect potentiel, même
pas basané, avec interrogation du fichier central. La sécurité du
département n'était pas franchement menacée. Mais
la qualité d'accueil des touristes, si. Bafouée même.
Il faudra expliquer aux Haut-Marnais de base qu'un individu étranger
au canton, "armé" d'un appareil photo, a toutes les chances
d'être un touriste, espèce recherchée et choyée.
Seul risque éventuel : que ce ne soit pas un touriste, mais un
journaliste
astreint à chronique hebdomadaire.
Ça
creuse
Toutes
proportions gardées, Bure va être à la Haute-Marne
ce que la mondialisation est au G8 : une sorte de prurit. Aujourd'hui,
cela Gêne, ça gratte, ça démange.
Dans un mois, on aura oublié. Et cela regrattera, re-démangera.
On en reparlera. Cela n'empêchera pas l'inégalité des
uns et le trou des autres de continuer à se creuser.
Quitte à creuser, penchons nous avec intérêt sur le
trou trop discret du Chien à Plumes. Les jeunes qui composent l'association
méritent un fameux coup de chapeau. Sans coup férir, comptant
plus sur leurs forces aussi vives que bénévoles que sur d'hypothétiques
subventions, ils ont mis en place un festival qui marche. Les vieilles
charrues ont commencé ainsi. Dans le même esprit. Avec d'autres
soutiens, ensuite
Le chien à Plumes mérite de faire son trou, d'y protéger
son os et de le déterrer chaque été ; car il en sera
de plus souriants. On n'oserait tout de même pas ici mettre des bâtons
dans les roues de jeunes gens dynamiques qui se battent pour créer
un véritable événement de qualité dans une
région qui se dit touristique à deux pas d'une sortie d'autoroute
! Hein, on n'oserait pas ?
La
jeunesse n'est plus ce qu'elle était
La
réalité s'avère suffisamment avare en bonnes
nouvelles pour que celle-ci titille la déprime haut-marnaise
chronique : notre jeunesse n'est plus ce qu'elle était
; tant mieux : elle est meilleure. Alors qu'une poignée
d'élus avance des arguments éculés et s'asseoit
sur son imagination pour poser plus tard son séant sur
un siège de sénateur dans un train du même
nom, l'adolescence de ce département démontre son
excellence. Brevet : numéro 1 de l'académie. Bac
: numéro 1 de l'académie. Et ce n'est pas nouveau
!
En lisant les projets de la crème de cette jeunesse qui gagne -
les mentions très bien - Charles Fèvre constatait déçu
qu'aucun d'eux ne briguait l'ENA. Faut-il vraiment regretter qu'ils caressent
d'autres desseins que devenir sénateur ? Nenni !
Foncez, jeunes gens. Allez loin, le temps qu'il faudra, pour en revenir
plus riche encore de savoirs et d'ambitions. On connaît le bilan
des jeunes d'il y a quarante ans. Ne les écoutez pas pour nourrir
vos projets.
La jeunesse de ce département n'est plus ce qu'elle était
? Ouf !
La fête des
maires
On fustige ici assez souvent les mous
et les frileux pour ne pas souligner cette semaine quelques initiatives
fort diverses ; elles cultivent le bon goût de s'intéresser
aux jeunes, à la qualité, voire aux deux.
Le Challenge Roland Meunier, par exemple. Jean-Paul Ramillon porte à bout
de bras cette initiative qui permet à 1400 scolaires d'ici de mieux
se comporter sur la route. De moins y risquer leur peau.
A l'autre extrémité de la pyramide des âges, et avec
tout le respect dû à son talent, Jean Robinet ainsi qu'une bonne
vingtaine de ses collègues, gens de plume, se réunissent à Joinville
pour les Chroniques. Ils y entourent leur présidente, Gil Mélison,
qui aura probablement omis de leur signaler que ses nouvelles érotiques vivifiantes
par les temps affligeament loftiens qui courent-, viennent d'être sélectionnées
par manuscrit.com.
Cela n'a rien d'érotique, mais pour la bonne bouche, signalons l'élection
de Charles Guéné à la tête des maires de Haute-Marne.
De nombreux observateurs de tout bord lui reconnaissent moult qualités.
Il lui en faudra pour donner des idées à nos élus. Qu'il
ne compte pas sur ses vice-présidents : François, Jean-Claude
et Christian ont semble-t-il pas mal d'occupations par ailleurs. Avec toutes
ces casquettes, ils vont finir par perdre la tête.
Un malheur arrive parfois seul. Fol,
naïf, était celui qui escomptait que l'élevage
haut-marnais passerait longtemps encore à travers la camisole
isolationniste de l'ESB. Il est donc aussi en ce département,
comme dans ceux qui l'entourent et moins que dans ceux qui sont
plus à l'ouest, des vaches folles. Pardon : une vache folle.
Une seule. La vingt-cinquième en France depuis le début
de l'année. Une de trop.
Que le bovin s'avère aliéné, soit. Mais puissions-nous,
nous, bipèdes évolués, demeurer sains d'esprit et du
reste face au cas. La viande labelisée Haute-Marne, née et élevée
ici, conserve ses qualités et vertus. La psychose, maladie mentale
s'il en est, ne doit pas gagner les consommateurs ; ne laissons pas le virus
de l'ignorance commettre plus de dégâts que le prion pathologique.
Sur les 324 cas diagnostiqués au total en France, qu'il y en ait eu
qu'un dans ce département rural, sur cette terre d'élevage,
pourrait presque passer pour miraculeux.
L'affaire nous fait occulter ici la réussite des premières
assises nationales de la forêt communale. On a pu relever à Nogent
des pistes porteuses d'espoirs pour notre filière bois.
Où lon redécouvre
les vertus de la géométrie de base : la distance
entre les points b et c est sensiblement la même que celle
entre c et b. Jusque là, tout va bien. Imaginez maintenant
que lespace-temps se contracte subitement entre les susdits
b et c, par leffet du TGV Méditerrannée, par
exemple. Cela nous met Lyon à 2 heures 44 de Chalindrey,
Marseille à 4 h 33. On arrive à 13 h 30. Les restaurants
du Vieux Port disposent à peine les nappes.
Et réciproquement !
Tous les médias font grand cas de cette mare nostrum qui vient subitement
de se rapprocher des gens du nord. Soit. Au-dessus de Vaux-sous-Aubigny,
on gagnerait beaucoup à se faire à cette idée, et à en
faire état au sud de Dijon : cest nous, ici, là, maintenant,
qui venons de nous rapprocher deux
Tout le monde saccorde à dire quune révolution
géographique est sur les rails. A la Haute-Marne, aux Haut-Marnais
de prendre le train en marche. Il démarre à peine. Parce quil
y a peut-être des gens en c qui auraient envie, besoin de venir voir
ce qui se passe en b et qui ne le savent même pas. Sans même
parler de ceux qui sont en a
Voilà deux ans, deux adolescents
haut-marnais tombaient sous les coups de couteaux assenés
par d'autre(s) adolescent(s) haut-marnais. L'un d'eux est mort.
Un autre est marqué à vie. Un troisième est
en prison. Trois familles s'accrochent, plus qu'elles ne vivent, à des
lendemains pâles et vides suspendus au crochet d'un impossible
deuil. Dans ces drames, la pesanteur du silence et de l'inaction
prolonge les conséquences des gestes maudits de cette nuit
maudite. Ne rien faire, c'était faire mal. Faut-il ajouter
des suicides à l'homicide ?
L'administration s'est honorée cette semaine à reconstituer
le peu qui reste de fiable dans des esprits tourmentés, vingt-quatre
mois après les faits. Plus rien ne s'oppose désormais à ce
que la Justice des hommes fasse son uvre. Il est temps que la vérité des
uns et des autres - ou ce qui en tient lieu - soit rendue publique. A quelle
session d'assises ? Faudra-t-il ajouter un an entre le drame et son épilogue
?
La Justice avance d'un pas de sénateur (pardon messieurs
). La
Haute-Marne avance aussi à la vitesse de ceux qu'elle a envoyés
la représenter à la Chambre haute. Il n'est que d'observer
la nature et la répartition des projets tels qu'ils apparaissent dans
la dotation globale d'équipement : plus d'argent pour réparer
les églises que pour implanter des activités économiques.
Resquiescat in pace !
Le 18 juin manque à l'appel
Etrange semaine ; comme si un jour manquait à l'appel.
Lundi très exactement. Lundi 18 juin. Pas une personnalité de
renom, pas un Gaulliste fervent pour inviter la presse, cette année, à contempler
son recueillement forcément intense ou sa gerbe nécessairement
sobre sur la dalle la plus célèbre de Haute-Marne.
Signe des temps : cette année, à Colombey, on parle
plus cochon que Résistance. Pas de doute, on a changé de
siècle.
Notez, il est tout de même venu quelqu'un de Paris, ce 18 juin : une
conseillère de Jack Lang. Anne-Marie Vaillé voulait juger par
elle-même des innovations mises en place ici dans les écoles
et collèges. Car il est ici des innovations en matière d'enseignement.
Des enfants qui apprennent mieux ! A long terme, c'est peut-être plus
intéressant que des fleurs qui fanent sur une plaque de béton
que seule vient désormais mouiller la pluie.
Ce 18 juin a aussi fourni à Bruno Sido l'opportunité d'expliquer
qu'il n'écartait pas l'hypothèse de la fermeture d'un collège,
pour le seul bien des enfants s'entend. Une nouvelle fois, seul le silence
assourdissant des syndicats a répondu à l'information. C'est
comme si c'était fait. On prend date ?
Un Fèvre chasse l'autre : au
Comité départemental du tourisme, Charles est président
d'honneur, Jean-Marc président tout court. Le "tout
court" sait-il ce qui l'attend ? Dans le milieu, certains
misent beaucoup sur ce coup de sang neuf ; vous avez vu nos campings
? le tourisme haut-marnais a besoin d'ambition ; dire que le site
internet n'est toujours pas traduit en néerlandais ! Il
y a du pain sur la planche.
Il y en a plus encore pour l'association départementale de prévention
jeunesse (ADPJ), en sursis. Entre ceux qui disent : «j'attends que
les autres paient les premiers» et ceux qui disent «je ne savais
pas qu'il fallait payer», le préfet a eu la bonne idée
de placer tout ce beau monde devant ses responsabilités. «Prenez
soin de vos jeunes en difficulté» dit-il en convoquant tout
le monde pour une table ronde de la dernière chance.
On peut avancer ici qu'une solution heureuse va émerger pour la toute
simple et bonne raison que les différents partenaires n'ont pas le
droit d'échouer. Ce serait tout simplement honteux que les maires
et conseillers généraux de Haute-Marne ne soient pas capables
de faire pour la jeunesse d'ici ce que les autres départements font
pour la leur.
Ouf ! C'est fait ; les voilà donc
baccalauréatisés. On saura dans quelques jours si
le cru est bon. Notez bien que finalement, ce n'est pas l'essentiel.
Car les meilleurs d'entre nos jeunes ont décroché avec
leur indispensable parchemin la mention "départ".
Pour Reims, Dijon, Nancy, Troyes, Paris
Pour ailleurs. Pour là où on
saura leur parler avenir. Le seul organisme universitaire de Haute-Marne
est l'IUFM, qui forme des maîtres dont on ne saura un jour que faire
; le jour, le soir plutôt où on sera en manque de gérontologues.
Le pire n'est jamais sûr.
Il est bien quelques privés, quelques fonctionnaires, quelques politiques
qui se démènent, proposent, innovent, investissent. Et parfois,
souvent, d'autres qui songent aux sénatoriales. Le genre de "planque" qui
ne sert plus à grand chose si on relit attentivement la constitution.
Mais bon : une rente de neuf ans, ça ne se néglige point. La
logique voudrait que la droite et la gauche, parfaitement organisées
et cohérentes présentent chacune deux candidats. Vous allez
voir ce qu'ils vont faire de la logique et de la cohérence, ceux qui
n'ont pour seule ambition que le bien-être de ce département.
Et si on les notait sur leurs propositions à améliorer la formation
de nos jeunes ? Il y a des gamelles
|