Campagne
Triste
semaine. Avez-vous noté une réaction, une seule, à l'annonce
de l'organisation des assises du développement ? Nos hommes
politiques se sont montrés aussi diserts sur le sujet qu'en
d'autres temps sur Bure. Où sont-ils, nos hommes politiques
?
Luc Chatel fait feu de tout bois pour la modernisation de la RN 19
et
peut-être aussi pour autre chose. Jean-François Sauvaget,
grand démocrate devant l'Eternel, explique que Didier Jannaud n'a
pas à se présenter dans la circonscription sud sous l'étiquette
PRG, parce quelqu'un à Paris, a décidé que
Tant que Le numéro Un du PS départemental éclairera
notre actualité à la lumière de réflexions
aussi lumineuses, François Cornut-Gentille dormira serein.
Quant à Pierre Bourlon de Rouvre (un cousin, sans doute), exploitant
agricole (pas exactement "paysan"), il se paie un encart pour
nous dire que le moment venu «il compte tenir des réunions à Chaumont
et à Langres, ainsi que dans les chefs-lieux de canton». Ça,
c'est de l'information !
Dans le même temps, statistiquement, 38 jeunes ont quitté la
Haute-Marne. La vie politique locale ne les incite pas à rester
? Ça alors !
Quatre
(savoureuses) questions
Grand
cru que cette petite semaine ! Deux faits viennent nous crier à l'oreille
: réveille-toi, Haute-Marne : l'avenir t'appartient.
Le salon de l'agriculture d'abord et la pluie de récompenses qui vient
d'arroser les terres arides d'une paysannerie bien mal en point. Qu'on ne
s'y trompe pas : de Vaudremont à Brainville en passant par Pont-la-Ville
et quelques autres, les agriculteurs qui gagnent sont ceux qui parient sur
l'avenir et qui misent tout sur la qualité. Pas la quantité.
La QUA-LI-TE.
Reprenant une initiative de Jean-Paul Geoffroy du 28 mars 2001, Bruno Sido
annonce la tenue des assises du développement pour la Haute-Marne.
On fera fi de savoir qui a eu l'idée et qui la rend possible. Ce ne
sera une bonne idée que si ces assises remettent la Haute-Marne debout.
Il ne s'agira plus de savoir si on est de droite ou de gauche, du nord ou
du sud, paysan ou ouvrier, de la Conf ou de la Fédé, patron
ou camarade syndiqué, gazelle ou footballeur. Il faudra d'abord se
poser deux questions :
- Y crois-tu encore ?
- Es-tu prêt à écouter ton voisin et travailler avec
lui ?
Répondre par la négative à seulement l'une de ces deux
questions, c'est déjà donner raison à cette chargée
de communication d'Expo-Bois (Paris) contactée cette semaine. Extrait
(savoureux) :
- Pardon madame, pourriez-vous avoir l'amabilité de me communiquer
le liste des exposants haut-marnais ?
- Des exposants QUOI ?»
Les
gazelles broutent ; le lion attendra. Les gazelles alimentent la
chronique, et volent la vedette au lion, c'est-à-dire à Peugeot,
c'est à dire à Sochaux-Belfort, c'est-à-dire à la
quatre-voies qui reliera Langres (et ses usines soumises aux lois
du roi de la jungle automobile) à la tanière du fauve.
On a tort de ne pas évoquer d'avantage l'incroyable espoir
que suscite Nogentech pour les entreprises du Bassigny, ou le haut-débit
proposé aux entreprises de Langres. On a tort de négliger
l'économie. C'est elle qui inversera la phase dépressive
de notre démographie suicidaire.
L'économie, et donc les entreprises, créeront des emplois attractifs
qui feront rester ou venir les jeunes lesquels épargneront aux écoles
d'inéluctables fermetures.
Laissons les petits fours du Fouquet's aux gourmandes gazelles.
On se souvient du "contripable" cité ici voilà quinze
jours. Pour les distraits : le fisc bloquait tous les comptes d'un Haut-Marnais,
accusé de devoir plus d'un million et demi de la monnaie en vigueur
l'an dernier. L'argument était fallacieux. Croyez-vous que l'administration
fiscale ait envoyée ne serait-ce qu'un mot d'excuse pour un si léger
malentendu ? Hein, le croyez vous ? Un peu rat, non ?
La
semaine qui s'achève est édifiante. Elle met en relief
nos travers et nos qualités ; ce qu'il ne nous faut surtout
pas changer si on veut que le bateau "Haute-Marne" coule
en silence, et l'exemple dont on peut s'inspirer avant de hisser
la grand voile.
Il a fallu l'aimable incitation (doux euphémisme) du préfet
pour que le plan de prévention des risques naturels ouvert voilà
17
ans à Saint-Dizier soit bouclé dans les quatre mois. Là,
les jeunes n'y sont pour rien.
Les rivalités entre éleveurs et céréaliers ont
fâcheusement terni l'image positive des jeunes agriculteurs. Déjà vieux
dans leur tête ?
A La Montagne, à Colombey, vous chercherez en vain un congélateur
ou un micro-ondes. Le père, partant de rien, y a cru. Le fils a accepté de
se former ailleurs, loin. Pour revenir. De part et d'autre des générations,
du travail, une foi indéfectible en cette terre et le pari de la qualité.
Cela leur vaut une première étoile dans le Michelin.
Il faudrait à la Haute-Marne un Michelin du développement local,
un Michelin de l'industrie, un Michelin de la formation, un Michelin du sport,
un Michelin de
Ou tout simplement un peu plus de foi en nous-mêmes.
En
attendant que nos politiques les nôtres, bien de chez
nous et celle qui pourrait venir d'ailleurs, alimentent cette
rubrique de savoureuses pensées définitives (d'une
campagne à l'autre
), égratignons d'une plume
maladivement pauvre le fisc qui gouverne nos déclarations
: Un Haut-Marnais bien connu a eu hier des sueurs froides. Il reçoit
de l'administration fiscale un courrier qui, sur un ton comminatoire,
lui intime l'ordre de payer ses dettes à l'Etat. Une bagatelle,
les dettes : 250 600 euros et quelques farfelus centimes, soit largement
plus d'un million 500 mille francs, monnaie en usage au siècle
passé.
Pour être sûr de son fait, l'administration, inspirée
par Dame Prudence, bloque dans la foulée tous les comptes bancaires
de notre "contribuable", qui rimait alors richement avec "coupable".
Surpris on le serait à moins notre Haut-Marnais s'enquiert
de l'urticante affaire auprès de sa banque. Sans jamais monter sur
ses grands chevaux, il mène l'enquête ; il prouve en quelques
heures (longuettes, les heures en question
) qu'un homonyme domicilié en
Alsace est le vrai responsable de ses soucis. Vrai responsable, c'est avéré.
Mais unique ? car ce que notre homme a pu trouver tout seul, l'administration,
qui emploie beaucoup de monde et utilise de gros ordinateurs n'aurait-elle
pas pu le découvrir avant de poster sa méchante missive ?
Ca alors
! Vous n'êtes pas à Porto Allegre ?
Le trou de Bure est loin d'être tombé à l'eau ; par contre,
qu'est-ce qu'il tombe d'eau dans le trou de Bure : 50 litres/minute, soit
72 M3/jour. Ça baigne ? Si on y stocke un jour des colis de produits
radioactifs très chauds (plus de cent degrés)
Bure, c'est
la science, un tantinet esseulée.
C'est passé inaperçu : Messieurs Ramillon (Chaumont) et Clerget
(Saint-Dizier) (notez le Messieurs en toutes lettres) viennent de recevoir
des mains du président de la fédération française
de judo leur 6e dan. Etait présent Monsieur Barraco (Montigny 7e
dan), parmi l'élite du judo français. Sans compter Monsieur
Guérin (Saint-Dizier - 6e dan). Combien de départements peuvent
en dire autant ? C'est en s'inspirant de la sapience d'hommes de cette trempe
que ce département s'en sortira. La sapience, c'est la science ET
la sagesse.
La science de prendre des gamins et d'en faire des hommes. D'abord des hommes.
Parfois des champions, mais bon... La sagesse de se dire qu'on n'est jamais
parfait, jamais arrivé. Le courage de claquer des portes et de dire
non, pour des principes, des valeurs. Des détails. «Toujours
travailler petits détails» lui disait Maître Awazu. Monsieur
Ramillon n'a pas oublié. Alors, pour lui, pour lui seulement, le petit
détail de la semaine est blanc et rouge et se porte noué autour
de la taille. Mais pas autour de la taille de tout le monde. Des détails
comme ça, des hommes comme ça, la Haute-Marne en a autrement
plus besoin que de candidats aux législatives.
Carte scolaire,
cartes brouillées
Education : une semaine riche d'enseignements.
Entre la grève, le discours syndical aussi neuf qu'un
franc de 1936, et la démonstration de Marcel Vérani
qui pratique le copier-coller d'une année sur l'autre,
il a fallu aller chercher ailleurs des nouveautés. Car
côté carte scolaire, rien de neuf sous le soleil
: le grand méchant M (pas Marcel, voyons : Ministère)
et son bras séculier l'inspecteur d'académie
reprennent une fois de plus des postes aux gentils enseignants
haut-marnais. Les gentils ont parfaitement raison d'affirmer
qu'ils ne sont pas assez. Et ils le prouvent. Le Méchant
est tout aussi dans le vrai quand il démontre c'est
pourtant simple ! que les élèves haut-marnais
sont mieux lotis que d'autres et que le partage est une notion
qui ne devrait pas échapper aux gentils. La langue de
bois n'a nul besoin d'être enseignée ; sa pratique
est de toute évidence parfaitement assimilée
dans les deux camps.
Heureusement, Pierre Dziegel, principal de son état, a organisé à Nogent,
au forum des formations un débat édifiant où l'on
a pu constater deux choses :
Les adolescents qui portent costard-cravate dans leur tête sont
déjà vaincus. Ils ont déjà perdu et la
Haute-Marne avec eux. Que leur discours est vieux et terne !
Les nouveaux élus ont le devoir s'insuffler de l'espoir et de
l'imagination dans cette grisaille mortifère. Ils l'ont fait.
Ouf !
Enfin, qu'il était gentil, le grand méchant M (comme
Marcel, cette fois) quand, ému par une réflexion désobligeante
pour les profs, il s'est fait le plus sincère, le plus humain,
le plus brillant avocat de ceux qui le vouent aux gémonies chaque
année à la même époque, celle de la carte
scolaire. Le jeu gagnerait à ce que les cartes se brouillent
plus souvent.
Il
n'y retourne pas
Or,
donc, il ne sollicitera pas un nouveau mandat. Il se dit lui-même
atteint par la limite d'âge. Pourtant, le connaissant,
on peut être sûr qu'il continuera à travailler
pour que les dossiers locaux évoluent dans le bon sens.
Il prend déjà ses marques. Vous voulez parier
qu'on reverra Jean-Paul Kihm, président en fin de mandat
du Centre départemental des jeunes agriculteurs. Surpris
? Pourquoi ? Vous pensiez à qui ?
Il y a belle lurette, on a pu lire ici que Jean-Claude Daniel n'y retournerait
pas. La certitude imprimée dans ces colonnes ne tenait pas de
la confidence ou du pari mais de la valeur de la parole donnée.
Ah, les bons vieux repères
Il n'est ni de droite ni de
gauche, celui-là.
Il en est un, de repères, que va peut-être perdre Chaumont
: son Festival d'affiches. Cela dit, en matière de repères,
on peut trouver plus fiable, plus "partagé", plus
ancré dans une population que ce Festival. Trop artificielle,
la manifestation a su intéresser des étudiants venus
de l'autre bout de la France (ils repartaient le lendemain) sans faire
venir les Haut-Marnais de l'autre bout des quartiers
Un musée
aurait-il changé la donne ? Il y a des investisseurs à convaincre,
des agriculteurs, des artisans à aider, des associations à encourager,
peut-être, avant un onéreux musée qui peut attendre
des jours meilleurs.
Nul
n'est prophète
André Mourot
n'est pas prophète. Ou s'il l'est, alors, de fort mauvaise
augure. Plût au Ciel que ni vous ni moi n'en sachions jamais
rien. Géophysicien en retraite, André Mourot a passé sa
vie penché sur le lointain passé du sous-sol. Il
nous explique que "séisme" implique "faille" laquelle "faille" implique "circulation
d'eau" (et accessoirement de radon).
L'âge de la retraite atteint, André Mourot se redresse. Son
regard porte un tantinet plus loin que sous ses pieds solidement campés
dans la terre de Haute-Marne. Il nous dit : "Et demain ?"
Enfin, pour l'instant, il le dit aux élus Meusiens : le Conseil
général d'Outre-Bure a invité officiellement le chercheur
haut-marnais a présenter ses théories, ses constats, ces
certitudes et ces craintes.
André Mourot est retraité. Il est donc relativement disponible.
On murmure qu'il serait éventuellement prêt à se déplacer
jusqu'à Chaumont (tout près de chez lui, mais chut !) pour
donner aux élus d'ici que cela intéresserait des éléments
de réflexion. Enfin, si cela les intéresse
Pas
de naissance le premier janvier. Un Joinvillois de 27 ans tué sur
la route le 2 : Il n'aura pas fallu longtemps à 2002 pour
nous ramener à la dure réalité haut-marnaise.
Le raccourci s'avère cruel mais objectif.
Le déboulonnage de Jean-Claude Guyot à Châteauvillain
est moins surprenant que les faits qui l'ont précédé.
Le premier dossier "chaud" des Haut-Marnais (Bure) creuse son trou
dans un canton en voie de désertification. Le second (Animal Explora),
autrement plus prometteur, voudrait faire le sien dans un canton décapité,
au creux boisé d'une commune sans maire. Que les Castelvillannois
fassent vite mais le calendrier ne dépend pas d'eux et
qu'ils ne se trompent pas ; leur avenir, mais aussi une partie du nôtre
est lié à leur choix. Le projet CECYN mérite plus et
mieux que de viles querelles de clochers. Un dossier de cette qualité-là n'est
pas prêt de se représenter. Ce peut-être un vecteur de
développement inouï ou un lamentable fiasco financier. Pour les
Haut-Marnais, le vote de l'année ne consistera pas à désigner
le locataire de l'Elysée mais à confier la mairie de Châteauvillain
et son siège au Conseil général à un(e) candidat(e)
honnête, compétent, disponible, qui maîtrise naturellement
la conjugaison du futur de ses voisins ; le futur proche.
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