Année 2002 - Semaines 01 à 10

 

Campagne

Triste semaine. Avez-vous noté une réaction, une seule, à l'annonce de l'organisation des assises du développement ? Nos hommes politiques se sont montrés aussi diserts sur le sujet qu'en d'autres temps sur Bure. Où sont-ils, nos hommes politiques ?
Luc Chatel fait feu de tout bois pour la modernisation de la RN 19 …et peut-être aussi pour autre chose. Jean-François Sauvaget, grand démocrate devant l'Eternel, explique que Didier Jannaud n'a pas à se présenter dans la circonscription sud sous l'étiquette PRG, parce quelqu'un à Paris, a décidé que…
Tant que Le numéro Un du PS départemental éclairera notre actualité à la lumière de réflexions aussi lumineuses, François Cornut-Gentille dormira serein.
Quant à Pierre Bourlon de Rouvre (un cousin, sans doute), exploitant agricole (pas exactement "paysan"), il se paie un encart pour nous dire que le moment venu «il compte tenir des réunions à Chaumont et à Langres, ainsi que dans les chefs-lieux de canton». Ça, c'est de l'information !
Dans le même temps, statistiquement, 38 jeunes ont quitté la Haute-Marne. La vie politique locale ne les incite pas à rester ? Ça alors !

Quatre (savoureuses) questions

Grand cru que cette petite semaine ! Deux faits viennent nous crier à l'oreille : réveille-toi, Haute-Marne : l'avenir t'appartient.
Le salon de l'agriculture d'abord et la pluie de récompenses qui vient d'arroser les terres arides d'une paysannerie bien mal en point. Qu'on ne s'y trompe pas : de Vaudremont à Brainville en passant par Pont-la-Ville et quelques autres, les agriculteurs qui gagnent sont ceux qui parient sur l'avenir et qui misent tout sur la qualité. Pas la quantité. La QUA-LI-TE.
Reprenant une initiative de Jean-Paul Geoffroy du 28 mars 2001, Bruno Sido annonce la tenue des assises du développement pour la Haute-Marne. On fera fi de savoir qui a eu l'idée et qui la rend possible. Ce ne sera une bonne idée que si ces assises remettent la Haute-Marne debout. Il ne s'agira plus de savoir si on est de droite ou de gauche, du nord ou du sud, paysan ou ouvrier, de la Conf ou de la Fédé, patron ou camarade syndiqué, gazelle ou footballeur. Il faudra d'abord se poser deux questions :
- Y crois-tu encore ?
- Es-tu prêt à écouter ton voisin et travailler avec lui ?
Répondre par la négative à seulement l'une de ces deux questions, c'est déjà donner raison à cette chargée de communication d'Expo-Bois (Paris) contactée cette semaine. Extrait (savoureux) :
- Pardon madame, pourriez-vous avoir l'amabilité de me communiquer le liste des exposants haut-marnais ?
- Des exposants QUOI ?»

Le lion et les gazelles

Les gazelles broutent ; le lion attendra. Les gazelles alimentent la chronique, et volent la vedette au lion, c'est-à-dire à Peugeot, c'est à dire à Sochaux-Belfort, c'est-à-dire à la quatre-voies qui reliera Langres (et ses usines soumises aux lois du roi de la jungle automobile) à la tanière du fauve. On a tort de ne pas évoquer d'avantage l'incroyable espoir que suscite Nogentech pour les entreprises du Bassigny, ou le haut-débit proposé aux entreprises de Langres. On a tort de négliger l'économie. C'est elle qui inversera la phase dépressive de notre démographie suicidaire.
L'économie, et donc les entreprises, créeront des emplois attractifs qui feront rester ou venir les jeunes lesquels épargneront aux écoles d'inéluctables fermetures.
Laissons les petits fours du Fouquet's aux gourmandes gazelles.
On se souvient du "contripable" cité ici voilà quinze jours. Pour les distraits : le fisc bloquait tous les comptes d'un Haut-Marnais, accusé de devoir plus d'un million et demi de la monnaie en vigueur l'an dernier. L'argument était fallacieux. Croyez-vous que l'administration fiscale ait envoyée ne serait-ce qu'un mot d'excuse pour un si léger malentendu ? Hein, le croyez vous ? Un peu rat, non ?

Étoile

La semaine qui s'achève est édifiante. Elle met en relief nos travers et nos qualités ; ce qu'il ne nous faut surtout pas changer si on veut que le bateau "Haute-Marne" coule en silence, et l'exemple dont on peut s'inspirer avant de hisser la grand voile.
Il a fallu l'aimable incitation (doux euphémisme) du préfet pour que le plan de prévention des risques naturels ouvert voilà… 17 ans à Saint-Dizier soit bouclé dans les quatre mois. Là, les jeunes n'y sont pour rien.
Les rivalités entre éleveurs et céréaliers ont fâcheusement terni l'image positive des jeunes agriculteurs. Déjà vieux dans leur tête ?
A La Montagne, à Colombey, vous chercherez en vain un congélateur ou un micro-ondes. Le père, partant de rien, y a cru. Le fils a accepté de se former ailleurs, loin. Pour revenir. De part et d'autre des générations, du travail, une foi indéfectible en cette terre et le pari de la qualité. Cela leur vaut une première étoile dans le Michelin.
Il faudrait à la Haute-Marne un Michelin du développement local, un Michelin de l'industrie, un Michelin de la formation, un Michelin du sport, un Michelin de… Ou tout simplement un peu plus de foi en nous-mêmes.

Contripable

En attendant que nos politiques – les nôtres, bien de chez nous – et celle qui pourrait venir d'ailleurs, alimentent cette rubrique de savoureuses pensées définitives (d'une campagne à l'autre…), égratignons d'une plume maladivement pauvre le fisc qui gouverne nos déclarations : Un Haut-Marnais bien connu a eu hier des sueurs froides. Il reçoit de l'administration fiscale un courrier qui, sur un ton comminatoire, lui intime l'ordre de payer ses dettes à l'Etat. Une bagatelle, les dettes : 250 600 euros et quelques farfelus centimes, soit largement plus d'un million 500 mille francs, monnaie en usage au siècle passé.
Pour être sûr de son fait, l'administration, inspirée par Dame Prudence, bloque dans la foulée tous les comptes bancaires de notre "contribuable", qui rimait alors richement avec "coupable".
Surpris – on le serait à moins – notre Haut-Marnais s'enquiert de l'urticante affaire auprès de sa banque. Sans jamais monter sur ses grands chevaux, il mène l'enquête ; il prouve en quelques heures (longuettes, les heures en question…) qu'un homonyme domicilié en Alsace est le vrai responsable de ses soucis. Vrai responsable, c'est avéré. Mais unique ? car ce que notre homme a pu trouver tout seul, l'administration, qui emploie beaucoup de monde et utilise de gros ordinateurs n'aurait-elle pas pu le découvrir avant de poster sa méchante missive ?

Rouge et blanche

Ca alors ! Vous n'êtes pas à Porto Allegre ?
Le trou de Bure est loin d'être tombé à l'eau ; par contre, qu'est-ce qu'il tombe d'eau dans le trou de Bure : 50 litres/minute, soit 72 M3/jour. Ça baigne ? Si on y stocke un jour des colis de produits radioactifs très chauds (plus de cent degrés)… Bure, c'est la science, un tantinet esseulée.
C'est passé inaperçu : Messieurs Ramillon (Chaumont) et Clerget (Saint-Dizier) (notez le Messieurs en toutes lettres) viennent de recevoir des mains du président de la fédération française de judo leur 6e dan. Etait présent Monsieur Barraco (Montigny – 7e dan), parmi l'élite du judo français. Sans compter Monsieur Guérin (Saint-Dizier - 6e dan). Combien de départements peuvent en dire autant ? C'est en s'inspirant de la sapience d'hommes de cette trempe que ce département s'en sortira. La sapience, c'est la science ET la sagesse.
La science de prendre des gamins et d'en faire des hommes. D'abord des hommes. Parfois des champions, mais bon... La sagesse de se dire qu'on n'est jamais parfait, jamais arrivé. Le courage de claquer des portes et de dire non, pour des principes, des valeurs. Des détails. «Toujours travailler petits détails» lui disait Maître Awazu. Monsieur Ramillon n'a pas oublié. Alors, pour lui, pour lui seulement, le petit détail de la semaine est blanc et rouge et se porte noué autour de la taille. Mais pas autour de la taille de tout le monde. Des détails comme ça, des hommes comme ça, la Haute-Marne en a autrement plus besoin que de candidats aux législatives.

Carte scolaire, cartes brouillées

Education : une semaine riche d'enseignements. Entre la grève, le discours syndical aussi neuf qu'un franc de 1936, et la démonstration de Marcel Vérani qui pratique le copier-coller d'une année sur l'autre, il a fallu aller chercher ailleurs des nouveautés. Car côté carte scolaire, rien de neuf sous le soleil : le grand méchant M (pas Marcel, voyons : Ministère) et son bras séculier l'inspecteur d'académie reprennent une fois de plus des postes aux gentils enseignants haut-marnais. Les gentils ont parfaitement raison d'affirmer qu'ils ne sont pas assez. Et ils le prouvent. Le Méchant est tout aussi dans le vrai quand il démontre – c'est pourtant simple ! – que les élèves haut-marnais sont mieux lotis que d'autres et que le partage est une notion qui ne devrait pas échapper aux gentils. La langue de bois n'a nul besoin d'être enseignée ; sa pratique est de toute évidence parfaitement assimilée dans les deux camps.
Heureusement, Pierre Dziegel, principal de son état, a organisé à Nogent, au forum des formations un débat édifiant où l'on a pu constater deux choses :
Les adolescents qui portent costard-cravate dans leur tête sont déjà vaincus. Ils ont déjà perdu et la Haute-Marne avec eux. Que leur discours est vieux et terne !
Les nouveaux élus ont le devoir s'insuffler de l'espoir et de l'imagination dans cette grisaille mortifère. Ils l'ont fait. Ouf !
Enfin, qu'il était gentil, le grand méchant M (comme Marcel, cette fois) quand, ému par une réflexion désobligeante pour les profs, il s'est fait le plus sincère, le plus humain, le plus brillant avocat de ceux qui le vouent aux gémonies chaque année à la même époque, celle de la carte scolaire. Le jeu gagnerait à ce que les cartes se brouillent plus souvent.

Il n'y retourne pas

Or, donc, il ne sollicitera pas un nouveau mandat. Il se dit lui-même atteint par la limite d'âge. Pourtant, le connaissant, on peut être sûr qu'il continuera à travailler pour que les dossiers locaux évoluent dans le bon sens. Il prend déjà ses marques. Vous voulez parier qu'on reverra Jean-Paul Kihm, président en fin de mandat du Centre départemental des jeunes agriculteurs. Surpris ? Pourquoi ? Vous pensiez à qui ?
Il y a belle lurette, on a pu lire ici que Jean-Claude Daniel n'y retournerait pas. La certitude imprimée dans ces colonnes ne tenait pas de la confidence ou du pari mais de la valeur de la parole donnée. Ah, les bons vieux repères… Il n'est ni de droite ni de gauche, celui-là.
Il en est un, de repères, que va peut-être perdre Chaumont : son Festival d'affiches. Cela dit, en matière de repères, on peut trouver plus fiable, plus "partagé", plus ancré dans une population que ce Festival. Trop artificielle, la manifestation a su intéresser des étudiants venus de l'autre bout de la France (ils repartaient le lendemain) sans faire venir les Haut-Marnais de l'autre bout des quartiers… Un musée aurait-il changé la donne ? Il y a des investisseurs à convaincre, des agriculteurs, des artisans à aider, des associations à encourager, peut-être, avant un onéreux musée qui peut attendre des jours meilleurs.

Nul n'est prophète

André Mourot n'est pas prophète. Ou s'il l'est, alors, de fort mauvaise augure. Plût au Ciel que ni vous ni moi n'en sachions jamais rien. Géophysicien en retraite, André Mourot a passé sa vie penché sur le lointain passé du sous-sol. Il nous explique que "séisme" implique "faille" laquelle "faille" implique "circulation d'eau" (et accessoirement de radon).
L'âge de la retraite atteint, André Mourot se redresse. Son regard porte un tantinet plus loin que sous ses pieds solidement campés dans la terre de Haute-Marne. Il nous dit : "Et demain ?"
Enfin, pour l'instant, il le dit aux élus Meusiens : le Conseil général d'Outre-Bure a invité officiellement le chercheur haut-marnais a présenter ses théories, ses constats, ces certitudes et ces craintes.
André Mourot est retraité. Il est donc relativement disponible. On murmure qu'il serait éventuellement prêt à se déplacer jusqu'à Chaumont (tout près de chez lui, mais chut !) pour donner aux élus d'ici que cela intéresserait des éléments de réflexion. Enfin, si cela les intéresse…

Futur proche

Pas de naissance le premier janvier. Un Joinvillois de 27 ans tué sur la route le 2 : Il n'aura pas fallu longtemps à 2002 pour nous ramener à la dure réalité haut-marnaise. Le raccourci s'avère cruel mais objectif.
Le déboulonnage de Jean-Claude Guyot à Châteauvillain est moins surprenant que les faits qui l'ont précédé. Le premier dossier "chaud" des Haut-Marnais (Bure) creuse son trou dans un canton en voie de désertification. Le second (Animal Explora), autrement plus prometteur, voudrait faire le sien dans un canton décapité, au creux boisé d'une commune sans maire. Que les Castelvillannois fassent vite – mais le calendrier ne dépend pas d'eux – et qu'ils ne se trompent pas ; leur avenir, mais aussi une partie du nôtre est lié à leur choix. Le projet CECYN mérite plus et mieux que de viles querelles de clochers. Un dossier de cette qualité-là n'est pas prêt de se représenter. Ce peut-être un vecteur de développement inouï ou un lamentable fiasco financier. Pour les Haut-Marnais, le vote de l'année ne consistera pas à désigner le locataire de l'Elysée mais à confier la mairie de Châteauvillain et son siège au Conseil général à un(e) candidat(e) honnête, compétent, disponible, qui maîtrise naturellement la conjugaison du futur de ses voisins ; le futur proche.