Bruno,
en attendant Jean-Claude
Cher
Bruno Sido,
Vous avez-eu la bonne idée de lancer un vaste débat sur les
assises du développement en Haute-Marne. Vous avez soulevé de
bien pertinentes questions. On peut même parler de survie. Las, nul,
parmi vos bons amis politiques, n'a daigné jusqu'à ce jour, évoquer
ce thème.
On les retrouve, vos bons amis, prompts à répondre au cri des
urnes, le soir, au fond de la mairie. Tels qu'en eux-mêmes, confondants
d'ambition personnelle, presque vexants à vouloir nous faire prendre
leur vessie gonflée d'arrogance pour une lanterne éclairant
notre avenir d'électeur.
Priorité à droite : en attendant que le Dr Loiseau, qui se
tâte encore, ait fini de se palper la glande qui fait enfler les chevilles
et hypertrophier les temporales, l'UDF lance Jean-Philippe Geoffroy à l'abordage
du navire-amiral Chatel. Pourquoi se priver d'une bonne torpille-maison,
façon Koursk, à tribord, alors qu'à bâbord, il
n'y a plus que des canots de sauvetage depuis le départ du capitaine
Daniel ? L'élection semblait promise à Luc Chatel ; s'était
sans compter sur son propre camp, le vôtre cher Bruno, là-même
où on nous jure dans le blanc des yeux, qu'en dehors de l'union, point
de salut. Et ces gens-là nous demandent de leur confier l'avenir du
département !
Un collègue, observateur patenté introduit chez vos amis, explique
que la droite n'a trouvé que ce moyen pour solder les comptes des
sénatoriales. Et aux cantonales, ils solderont les comptes de ces
législatives ? En attendant, ils les ouvrent quand, les dossiers urgents
?
Cher
Jean-Claude Daniel,
Vous avez-eu la bonne idée de faire évoluer votre carrière
politique vers le Pays de Chaumont. En renonçant comme promis à solliciter
le renouvellement de votre mandat de député, vous laissez la
gauche sud-haut-marnaise dans l'état qui était le sien lorsque
que vous la prîtes : proche du néant absolu. Avec le recul,
on comprend mieux pourquoi vous n'avez jamais adhéré à un
parti de gauche : ici et maintenant, c'est une machine à perdre. À peine
vous êtes-vous effacé que cette gauche plurielle se révèle
encore plus gauche que plurielle.
Puisqu'avec un candidat unique, elle avait conquis une circonscription acquise
depuis des lustres à la droite, elle s'empresse dans la foulée
de miser ce gain inespéré sur la pluralité, c'est à dire
la diversité, autrement dit la cacophonie. Les Langrois connaissent-ils
Sylvie Cotillot ? Au moins autant que les Chaumontais apprécient Didier
Jannaud. Ajoutons un vert, c'est irrévocable. Et puis un communiste,
pour faire bonne mesure, pour nous rappeler qu'une division peut très
bien se camoufler en multiplication.
Alors, cher Jean-Claude Daniel, de ces suicidaires calculs qui nous annoncent
déjà de pitoyables rabibochages d'entre deux tours, sortez-vous
affligé, déçu, irrité, surpris ? ou seulement
amusé
Au
sud-sud-ouest de Chaumont, dans le vide désert où batifolent
quelques gazelles, il n'y a point d'eau. Les élégants
quadrupèdes n'en ont que faire ; elles ne sont pas là pour
se rincer le gosier mais pour faire la promotion du département.
Chacun sait aujourd'hui que si elles avaient voulu trouver un point
d'eau, elles auraient pris le cap nord-nord-est, vers le trou de
Bure. On ne devait rien trouver, à Bure. Ni failles, ni
fissures, ni radon, rien. Du vide, quoi. Or, voilà que maintenant,
on a officiellement aussi de l'eau ! L'eau jadis honnie, ex-ennemie
public numéro 1, dont on nous dit désormais tellement ça
baigne qu'elle représentera un avantage car elle
assurera une meilleur confinement des colis. On avale ? Difficilement
quand même.
Tiens, Bure, justement : ils ont intérêt à réviser
le dossier, nos nombreux candidats peu ou prou déclarés aux
législatives. Le moment venu, on posera quelques questions. Pour l'avenir
de ce département, il vaut mieux s'y entendre sur le trou qui donne
du liquide qu'en volley. Parce que, n'est-ce pas, on n'imaginerait pas un(e)
candidat(e) qui n'aurait jamais assisté à un match du CVB venir
subitement soutenir l'équipe haut-marnaise au moment des play-down
et
de la campagne. Ce serait ridicule. Au singulier. Ou singulièrement
ridicule.
«Il
ne pleuvait pas le jour où Noé commença à construire
l'Arche. Il y avait un soleil à faire péter les pierres1.» Las,
les soucis pleuvent à verse sur la Haute-Marne : flux migratoires,
vache folle. Et il va tomber des cordes : délocalisations,
désertification etc. Alors quand le nouveau Bruno Sido (on
le sent plus libre d'esprit et d'initiatives depuis qu'il siège
au Sénat) annonce son "arche", les Assises du
développement, on apprécierait que certains élus
et plus encore ceux qui aspirent à la devenir, apportent
leurs planches, plutôt que de dénicher des poutres
dans l'il du rival.
Question saugrenue : quel mammifère terrestre a fait le plus cette
année pour la renommée du département : la Simmental élevée à l'herbe
grasse du Bassigny et qui fait Salon ou la gazelle dans les sables du sud
marocain ? Si l'éternel bon sens doit susurrer un conseil à l'oreille
de néo-Noé-Sido, pour la bête à privilégier
1 : Alessandro Baricco : Next. Albin Michel. 102 pages. 10 euros.
Se
présentant aux électeurs haut-marnais, Sylvie Cotillot
a d'abord longuement insisté sur un point : «je suis
de gauche». Nul n'en doutait. Mais la candidate PS a eu raison
d'insister, car il risque fort d'y en avoir d'autres.
Elle est un petit peu verte, aussi ; jeune en politique politicienne, s'entend.
Elle est de gauche comme Luc Chatel ou François Cornut-Gentille sont
de droite : sans doute possible. Pour eux, les "classiques" de
l'étiquette à colle forte, c'est labellisé, genre AOC.
Mais où est réellement Jean-Philippe Geoffroy, à part
sur le marché le samedi matin, entre la fraîche laitue et le
Langres qui s'oublie ? Où est Didier Jannaud, néo-radical,
pro de l'étiquette amovible recto-versatile, sinon du sud ? Voilà la
nouvelle donne : on était de gauche ou de droite. Voilà qu'il
en vient du sud. A en perdre le nord ! Pas complètement. Pas tout
le monde. Ce sont les territoires de demain et les ambitions d'aujourd'hui
qui s'esquissent. En attendant qu'un autre AOC, Didier Loiseau se décide
(à qui fera-t-il croire qu'il n'a pas encore pris sa décision
?), Didier Jannaud va rallier autour de son panache flou bien des hérauts
du Pays de Langres, de gauche et de droite, de l'ouest et de l'est. Les boussoles
s'affolent. Les girouettes pirouettent. Tant de vents ! Mais notre époque
n'invente rien. Diderot, en son temps, l'évoquait déjà
Cela
ne vous rend pas fébrile, la proximité de l'échéance
? C'est tout de même important. L'avenir de la France se
joue en partie dans ce choix capital : Karembeu sera-t-il des
22 élus ?
Des élus qui ne sont pas tous à la fête. Prenez le
maire de Blumeray, par exemple : il déclare au JHM il y a quelques
semaines qu'il ne parrainera aucun candidat en ces termes : « ceux
auxquels j'aurais accepté de la donner en en déjà assez.
Il n'est pas question que je signe pour les autres ». Nous, on le
croit sur parole. Or, voilà qu'on apprend inopinément qu'il
a signé pour Bruno Maigret. Peu importe - quoi que
- que ce
soit Bruno Maigret. Il déclare une chose ; il fait le contraire.
Les lecteurs (s'écrit aussi en un seul mot) jugeront !
Il n'est pas le seul en Haute-Marne ! Curieux, toutes ces signatures récupérées
par Bruno Maigret dans le nord-est. Comme si un grand parti de droite préoccupé de
barrer Jean-Marie Le Pen avait distribué de-ci de-là quelques
consignes. On n'ose l'imaginer, hein ! La politique, c'est autrement plus
noble que ce margouillis de bas étage, non ? Il y a de la démission
dans l'air
La
campagne bruit de mille rumeurs. Quelle campagne ? On en connaît
trois : la verte, la nôtre, que sillonnent les tracteurs
; la présidentielle, que sillonnent les passions et quelques
oripeaux ; la législative que sillonnent nos candidats.
Une fois de plus, les agriculteurs de la FDSEA ont évoqué «l'image
néfaste» de leur profession au sein de la population. Une
fois de plus, ils se plantent. Les jeunes agriculteurs l'ont prouvé,
voilà peu, en décortiquant une étude nationale sérieuse
qui démontrait que les agriculteurs jouissaient d'une image réellement
positive. Plus on leur dit, moins ils le croient. Ça s'analyse.
La seconde a transformé en une nuit 22356 Haut-Marnais en nazillons
microcéphales. C'est un peu rapide, un peu facile. D'autant que
ni vous ni moi n'avons voté Le Pen ! Alors qui ? Pourquoi ? Ça
s'analyse.
La troisième mérite aussi toute notre attention. Tout le
monde s'accorde à dire, partout, dans le camp des démocrates
de droite et de gauche, que l'éparpillement des candidatures est
la première cause mécanique de la montée du Front
national. Soit. Cette loi mathématique ne serait-elle pas avérée
dans la première circonscription de Haute-Marne ? Alors même
que Didier Loiseau ne s'est toujours pas prononcé, la candidature
insensée de Jean-Philippe Geoffroy divise déjà ceux
qui devaient se réunir logiquement derrière Luc Chatel. Même
constat à gauche où Sylvie Cotillot et Didier Jannaud devraient être
rejoints, si la bêtise continue de le disputer à l'autisme
politique, par un vert et un communiste. On dit même que Jean-Claude
Daniel
On pourrait rire de la sottise d'une telle rumeur, si la situation
ne rendait pas pitoyable un tel aveuglement. Ça aussi, ça
s'analyse.
Le
Chien n'a pas que des plumes ; et il en fallait (mais non,
pas des plumes) pour organiser dans un contexte politiquement
tendu une soirée qui faisait danser l'égalité et
la fraternité aux rythmes d'une musique de liberté.
Il en fallait aussi, à Claude Lahner (pardon Madame, c'est une
ima
Euh
non, une métaphore) alors qu'entourée
par la CGT et ce qui reste du PC, elle a remercié les «gens
de droite» comme elle dit, et a qualifié leur présence
de "rassurante" au sein de la manifestation chaumontaise du
1er mai.
A droite comme à gauche, donc, certains en ont. Jacques Chirac
l'a dit autrement, mais il l'a dit. Mais à droite comme à gauche,
certains en ont moins, ou pas du tout. Du courage, bien sûr. Vous
pensiez à quoi ?
Le Docteur Sido, au chevet d'une Haute-Marne bien malade, a annoncé en
Bragardie qu'il allait rester coi. Il évoquait les assises du
développement : «je me tairai, je ne dirai rien».
Personne ne lui a répondu : oh si, dites nous tout !
Qu'on se rassure, il a continué de causer, parce que les assises,
tout de même, ce n'est pas encore tout de suite. Il a dit : «ce
sont les forces vives du département qui parleront ; ceux qui
n'ont jamais pris la parole pourront s'exprimer». A-t-il voulu
signifier par là que ceux qui parlent, ou qui parlaient avec lui
ce soir-là (François Cornut-Gentille et Jean-Marcel Lambinon)
ne comptent pas parmi les forces vives ?
Dimey,
Rimbaud et les Rapetout
Amis
de la poésie, bonjour.
Réunis au sein des luxueuses installations du Festival Dimey,
quatre poètes haut-marnais venus spécialement à l'inauguration
pour rendre hommage à l'écrivain nogentais. De gauche à droite,
saluons Didier Jannaud et sa suppléante, Sylvie Cotillot et
son PS, Luc Chatel et ses bambins, Jean-Philippe Geoffroy et ses portables.
Sylvie Cotillot semble en forme. Sans doute n'a-t-elle pas encore commencé de
grève de la faim ; pourtant, elle fréquente l'appareil
socialiste. Elle devrait se méfier. C'est la saison des régimes.
Approchons nous de Jean-Philippe Geoffroy, candidat UDF sans étiquette
(si, si, il y arrive).
- Jean-Philippe, la poésie de Dimey serait-elle ce qu'elle est
hors du contexte coutellier ?
- Driiiiiing ! Excusez-moi, c'est Raffarin qui m'appelle.
- Merci Jean-Philippe.
Henry Leroux, qui ne lâche pas Sylvie d'une semelle, s'approche.
Il semble ravi qu'on lui tende le micro :
- Henry, la poésie peut-elle faire son trou à Nogent
comme votre parti a fait le sien à Bure ?
- (
)
- Merci Henry
Amis de la poésie, nous nous retrouverons la semaine prochaine,
même heure, même endroit. En attendant, relisons Dimey,
Rimbaud et quelques autres. La vie est là.
Une
visite de la rédaction par un groupe d'enseignants
commence généralement par cette question
leit-motiv : «pourquoi y-a-t-il tant de fautes dans
le journal ?» C'est comme les vux en début
d'année, le collier de nouilles à la fête
des mères : on y échappe que par omission.
On pourrait se défausser lâchement : on n'a pas une
semaine pour corriger les copie, nous ; on travaille tard le soir,
nous. Et autres sots alibis éculés.
Plus subtil : on pourrait rétorquer qu'on a eu de mauvais
enseignants, instituteurs en pré-retraite à 30 ans,
professeurs de français ignares. Ce ne fut heureusement pas
le cas : les miens furent consciencieux, compétents et rigoureux.
Leur seule faute fut de me transmettre le virus de la lecture et,
plus fâcheux, le vice de l'écriture.
Alors ? offrons à tous ces seuls beaux esprits dûment
qualifiés par notre grande Ecole Normale qui ont un soir éructé «pourquoi
y-a-t-il tant de fautes
» au cur d'une rédaction
qui les accueillait malgré l'urgence du bouclage, cet extrait
authentique de cahier d'écolier estampillé "2002 Haute-Marne" :
«j'ai mouru, tu as mouru...» Ne voyez là qu'un extrait d'un
copieux florilège.
Ce participe trépassé est l'uvre d'un(e) instituteur(trice)
titulaire. Amis visiteurs, soyez les bienvenus chez les plumitifs
laborieux. Mais mesurez-bien la pertinence de vos reproches avant
de choisir la première pierre.
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