A vous de trouver où et
quand.
Premier indice : quand un journaliste veut interroger un employé,
pour rédiger un banal papier d'information, il doit obligatoirement
demander l'autorisation de la hiérarchie du susdit employé.
Sinon, c'est niet.
Mais "niet" est une fausse piste ! Il ne s'agit pas de Moscou sous
Staline.
Allez, on se concentre.
Second indice : quand un employé croit savoir répondre à la
question d'un journaliste, il doit impérativement obtenir l'autorisation
de sa hiérarchie, sous-chef, chef et sur-chef compris avant d'ouvrir
la bouche. Cela ne vous interpelle toujours pas au niveau du vécu
?
Troisième indice : ce n'est pas au Chili sous Pinochet. Trop facile.
Vous hésitez encore ? Lâchons l'indice décisif : Plusieurs
jours sont nécessaires entre la question préliminaire banale
et la réponse de la hiérarchie qui dit au journaliste si l'employé a
le droit de rencontrer la presse. Votre visage s'éclaire. Bon sang,
mais c'est bien sûr : la Ville de Chaumont au XXI e siècle !
Bingo !
La semaine prochaine : Pourquoi la vie est ailleurs ?
De loin, Bruno Sido Bruno Sido
pourrait laisser penser qu'il ne touche pas aux Assises. On devine
certes qu'il n'en est pas tant éloigné qu'il n'y
paraît ; on ne l'y voit point. Il survole, à la
fraîche, les échos, les sondages, les interventions
proprettes des uns et des autres. S'il pose avec discrétion
son attention sur tel aspect du dossier, c'est sans provoquer
le moindre remous, sans laisser la moindre trace. On s'attendait à ce
qu'il réagisse vivement au brûlot bien provoc d'Eric
Vigneron. Nenni. Rien. Comme cet insecte de nos campagnes communément
nommé "cousin", parentée emphétaminée
du moustique dit de Tibériade, il feint de ne rien voir
et va pondre ailleurs, sous un bout de bitume du canton de Poissons.
L'infatigable et omniprésent gros bourdon bruyant d'avant les sénatoriales
le cède aujourd'hui à la tipule qui nous abreuve d'hypothèses.
Il nous faudrait consulter un entomologiste afin de savoir qui, de la tipule
ou du bourdon, peut prendre le plus de hauteur, sait voir le plus loin,
pressent les dangers avec la meilleure acuité. La Haute-Marne a
besoin de miracle, le premier d'entre-eux serait d'ailleurs qu'elle croie
en elle. Ma foi…
tipule [tipyl] n. f. • v.
1600; lat. tippula «araignée d'eau».
Zool. Insecte diptère de grande taille (tipulidés), à longues
pattes grêles, dont les larves rongent les racines des
plantes. (Sources : Petit Robert électronique)
Souvenons-nous : il fut un temps
pas si lointain ou toute une zone du sud Haute-Marne passait
aux yeux des Bragards et des Chaumontais pour l'épitomé de
la notion de vide. On y dénombrait pourtant de nombreux
habitants au kilomètre carré mais il s'agissait
de sangliers. C'était avant que Bure ne supplante Auberive
dans la conversation des fins esprits lorsqu'entre la poire et
le fromage, on se gaussait du trou.
Or, il s'est trouvé dans et autour du désert haut-marnais
d'alors des gens – dont des élus – pour :
1) observer
2) réfléchir
3) collaborer et entreprendre.
Observer qu'une jonction autoroutière peut servir à autre
chose qu'à contempler les plaques d'immatriculations étrangères
comme les vaches regardent les trains.
Réfléchir et se dire que la pointe sud du désert haut-marnais
peut aussi être pile-poil le centre d'une des futures grandes régions
de l'Europe.
Entreprendre des projets de territoire assez ambitieux pour convaincre
les cadres dirigeants des entreprises qui ont de l'avenir de venir voir
ce que l'on sait faire par ici. Oui, ici, du côté de cette
terre qui a donné Diderot et où germa l'idée moderne
et universelle d'Encyclopédie. Relisons Diderot à la lumière
des connaissances et des techniques de ce siècle. Ah, si le savant
philosophe pouvait subrepticement mettre son grain de sel dans des assises
en quête de second souffle…
Livrons nous ici et maintenant à une
petite expérience de transmission de pensée. Sans
solliciter votre avis, ce sournois faux billet va vous mettre quelque
chose en tête. Prêt ? Chiche ? Alors voilà :
la petite musique du répondeur de la direction des services
fiscaux de Haute-Marne, qui nous titille le tympan sans vergogne,
est celle, un tantinet répétitive, du Boléro
de Ravel. On l'entend une fois, elle nous obsède toute la
journée. Une vraie glu à neurones. Ca y est ? Vous
l'avez, vous aussi, en tête ? Ta, tatata… Elle va revenir.
Immanquablement. Systématiquement. Elle ne vous lâchera
pas. Comme l'administration fiscale. Ta, tatata…
Tentez maintenant de faire le vide pour ce qui suit. Quelqu'un a lancé l'autre
jour, bien provoc, en réunion sérieuse : «l'identité de
Chaumont, c'est Langres». Le perfide trublion a même ajouté que
le Pays de Chaumont, ce «territoire par défaut» avait
vocation à s'associer au Pays de Langres.
Cela soulève deux questions :
1) Soit l'auteur de cette iconoclaste réflexion nous fait l'honneur
de lire cette chronique1 et y accorde quelque crédit.
2) Soit il s'agit là aussi d'un second phénomène de
transmission de pensée qui gagne de plus en plus de monde dans les
deux-tiers sud de la Haute-Marne et qui fait dire au bon sens des gens bien
informés : Pays de Chaumont et Pays de Langres sont condamnés à s'entendre.
Ne le répétez pas, pas tout de suite, mais pensez-y très
fort. Vous verrez.
En attendant, n'oubliez pas : Ta, tatata…
Qui, quoi,
pourquoi ?
Avez-vous noté la substitution
? On ne devrait parler que des assises du développement.
Or, le microcosme ne bruit plus que des Pays de Langres (naissance
annoncée le 16 novembre) et de Chaumont (un peu plus tard).
Tout cela pour une petite phrase de Thierry Simon. Reprenons.
Il y eut le quoi ; il y eut le qui. Demeure le pourquoi.
Le quoi, c'est, l'hypothèse d'une fusion des pays de Langres
et de Chaumont. Hypothèse aussi pertinente que prématurée,
aussi incontournable qu'indicible en l'état.
Le qui, c'est Thierry Simon. Sans Thierry Simon, avant Thierry Simon,
des observateurs, au fait de la problématique des territoires, l'ont
dit et parfois écrit. Lorsqu'ils le firent, dans l'indifférence
générale, on a pu entendre les mouches - et leur cousins
les tipules - voler.
Las, cette fois, Thierry Simon l'a dit. À sa manière, en
plus, avec l'élégance rare d'un mammouth s'ébrouant
au musée des châteaux de cartes. Dans ce verre d'eau tempétueux,
le qui est autrement plus important que le quoi. Mais la seule chose qui
compte, aujourd'hui, c'est le pourquoi. S'agissait-il pour lui de
stigmatiser l'action des politiques du pays chaumontais, de Bruno Sido à Jean-Claude
Daniel, mais qui, eux, ont été élus ? Ne s'agissait-il
pas plutôt de nuire aux convictions unionistes en jouant sur l'effet
forcément dévastateur de son intervention ? Peut-être
tout simplement pour se faire un petit plaisir, dans un registre où il
se sait encore fort : la provocation. Mais fallait-il seulement l'entendre
au premier degré comme le firent certains ? Le connaissant…
L'épisode doit être oublié. Très vite. Après
tout, sans Thierry Simon, les sud-Haut-Marnais montrent à tous la
nette supériorité d'une concertation1 studieuse
sur la commode provocation.
1 : À propos de concertation, il sera possible à tout
citoyen d'engager le dialogue sur l'actualité autour de l'excellente
choucroute organisée à Chaumont vendredi 6 décembre
au profit du Téléthon. Les Langrois seront les bienvenus.
Thierry Simon aussi...
Amis de la précision sémantico-lexicale,
bonjour. Un abondant courrier reçu sur la tipule et
ses cousins - les diptères, les hémiptères,
les hyménoptères, les isoptères et même
les lépidoptères- nous oblige à revenir
sur la tipule1. On l'a donc identifiée en
Haute-Marne. Les progrès de la science sont sidérants
: depuis, nos services ont aussi repéré une présence
avérée de nèpes dans certains bureaux
d'administrations officielles. La nèpe est un insecte
des eaux stagnantes. Le microcosme politico-adminitratif haut-marnais
est donc, on le devine, un terrain très propice. La
nèpe a une queue, comme pas mal d'autres de son espèce.
Mais elle, elle s'en sert pour respirer. Convenons que cela
est moins courant.
Restons avec les insectes et Dame Nature : le festival de la photo animalière
de Montier-en-Der, qui ouvre ses portes jusqu'à demain soir, illustre
cette année encore la pertinence de l'initiative : faire ici,
avec une forte exigence de qualité, ce qui ne se fait pas ailleurs.
Ou le faire mieux et autrement qu'ailleurs. On n'est pas plus bête
que les autres.
Restons dans la précision avec une équivoque qu'il convient
de lever rapidement. Le vrai prénom de Diderot est Denis et non
pas Paul. Paul Diderot s'écrit en fait très exactement
Pôle Diderot. Il s'agit du très ambitieux projet du Pays
de Langres qui existe officiellement depuis hier soir. Puisque les spécialistes
se plaisent à définir un territoire comme de la surface
avec un projet, alors, le Pays de Langres est vraiment bien né. À cause
du – ou grâce au – tissus associatif et aux femmes et
hommes de bonne volonté de tout bord politique qui le composent.
Eux nous ont prouvé qu'on n'était pas plus bête qu'ailleurs.
C'est net.
1: Faux billets des 19 octobre et
9 novembre.
Jérusalem – Il
est des terres promises à la lumière rédemptrice
et d'autres à l'anonymat d'une ombre protectrice.
Il est des régions, telles les rives du Jourdain, où le problème
de l'eau se vit avec une toute autre acuité que la gentillette vidange
de la digue de Charme.
Il est des coins finalement assez proches, en ce bas monde, où les
transports en communs montent, pour un aller simple des kamikazes endoctrinés
et assassins alors qu'ailleurs, on se soucie surtout de l'électrification
de la ligne Paris-Bâle.
Il est un bout de plage caressé par la Méditerranée
où l'on guette le sillage mortifère des missiles irakiens
ou des chasseurs israéliens, alors qu'au bord du Der, on observe
le vol serein des grues cendrées.
Il est une terre à jamais majestueuse dont les pierres, jadis, fondaient
les Eglises pour y tutoyer Dieu et qui aujourd'hui poussent les adolescents
de deux camps à tutoyer la mort. Dans le Bassigny, lorsque tinte
un caillou, c'est parce qu'il tutoie le soc de la charrue.
Il est une fois de plus avéré qu'il faut partir pour mieux
se voir ; pour mieux savoir. Savoir quoi ? Que la Haute-Marne est un havre
de paix enraciné dans une terre généreuse où la
magorité des brebis qui s'y sont égarées à la
fin de l'an de grâce 2002 après Jésus-Christ n'ont
pas vraiment conscience de l'inappréciable bonheur de vivre en paix.
Quoi de neuf, les
jeunes ?
«Les propositions de découpages
des régions et de fusion de départements viendront
des élus eux-mêmes» explique cette
semaine l'inventeur de la France d'en-bas, Premier ministre
de son état. Las, Jean-Pierre Raffarin n'est pas allé jusqu'à se
pencher sur la France de tout-en-dessous-du-bas : la nôtre,
celle dont les élus entendent "sciage de branche" lorsqu'on
leur dit "redécoupage".
Deux hommes aussi proches que Luc Chatel (député) et Gérard
Groslambert (conseiller général) conseillers municipaux élus
sur la même liste, ont constaté leur désaccord. L'un, élu
régional, souhaite que la Région pilote l'économie.
L'autre, élu départemental, constate que le département
est le mieux placé. Autrement dit : tout va mal ; ne changez rien.
Et dire que le Gouvernement attend des propositions audacieuses !
François Cornut-Gentille a juste glissé, comme ça,
que la Marne avait des choses à faire avec la Meuse. Par pudeur
pour les esprits rancis, il n'a pas cité le troisième point
du triangle. Puis il est parti, laissant le sort des Assises des Libertés
locales entre les mains des forces tranquilles, très très
très tranquilles de la Haute-Marne profonde. Chut !
Sans rapport apparent avec ce qui précède, le Conseil général
sera représenté par un jeune élu dans les lycées.
Philippe Bossois va y rencontrer les adolescents dans le cadre, cette
fois, des Assises du développement. Allez-y, les jeunes. Bousculez-le,
bombardez-le d'idées, de projets. Boostez-le de votre saine et
iconoclaste ambition. Quoi de neuf demain ? Cela dépend de vous.
Sans rapport aucun avec ce qui précède, jetez-vous ce week-end
sur le petit et génial "Oscar et la Dame Rose",
d'Eric-Ammanuel Schmitt, chez Albin Michel. Contrairement à l'étape
haut-marnaise des Assises des Libertés locales, c'est un vrai
régal.
CG comme complètement
grotesque. CG comme Conseil général. Dans le
cadre des assises du développement intensif des grosses
bourdes qui font mal, les Éditions de la Martinière
sortent, avec l'appui de notre bon Conseil général Haute-Marne,
mille visages à découvrir. Il s'agit d'un
livre, essentiellement de photos. Quelque chose à glisser
sous le sapin des meilleurs gaffeurs.
Car le Conseil général, qui se bat farouchement pour
préserver notre économie, faire connaître nos talents,
promouvoir nos savoir-faire, n'a pas songé que notre département
hébergeait quelques éditeurs. Si, si.
Un seul photographe haut-marnais – et encore, pour la portion
congrue – a été sollicité. La quasi-totalité des
clichés est le fait de photographes extérieurs au département.
Les travaux de photogravure ont été confiés à une
entreprise d'Ormes (45) et l'ouvrage a été imprimé en
Italie.
Pour la fine bouche, signalons que la photo de cerf a été achetée à une
agence parisienne ; sans doute n'y a-t-il pas assez de cervidés
ou de photographes animaliers en Haute-Marne.
«Une quiétude naturelle invite à oublier les
tribulations du monde» nous dit la quatrième de couverture.
N'inviterait-elle pas plutôt certains à oublier d'où ils
sont. Il n'est écrit nulle part qu'il était interdit
de réfléchir, même pendant les tribulations des
assises.
Côté tribulations, Didier Jannaud revient sur le devant
de la scène médiatique alors qu'aucune élection
n'est en vue. Le Cercle Marianne, qu'il préside, ambitionne
de placer d'emblée la barre du débat intellectuel haut-marnais
assez haut. Cette gauche moderne et communicante va-t-elle tenir son
rang dans les assises, alors que la gauche classique brille par ses
ronflements ? On en saura plus la semaine prochaine.
Dur métier que celui
de conseiller général. Ingrate mission, que
celle qui vampirise à ce point l'agenda de l'élu,
qu'il ne peut même pas assister aux Assises du développement
voulues par la docte assemblée dont il est le membre
consciencieux. Car il sait, l'élu qui écoute
et lit son président ; il sait tout de l'enjeu de
la démarche. Il sait, mais y peut point. Voilà son
(notre) problème : y peut point.
Comment expliquer, sinon, qu'il ne vienne pas sonder cette société civile à qui
l'on donne enfin la parole. Ne généralisons pas. Philippe
Bossois, infatigable, s'en sort fort honorablement dans son rôle
de Monsieur Loyal. Antoine Allemeersch est venu de son trou*, lui
aussi. Elisabeth Robert Dehault, la Bragarde, était chaumontaise
le temps d'un atelier. Quid des autres ?
Car ils sont tous invités. Tous. Mais par un prompt renfort,
ils ne viennent qu'à …un(e). Une fois Antoine, une fois
Elisabeth. Vous allez dire : les absents ont toujours tort. C'est
d'ailleurs vrai. Las, ceux qui ont tort sont justement censés,
fin janvier, tirer des enseignements de travaux, de rencontres, d'échanges,
auxquels ils n'auront pas pris part. Imaginez la scène : Bruno
demandant un coup de main à Elisabeth pour savoir ce qui s'est
dit.
Dans ce registre, justement : l'Inspection d'Académie pourrait-elle
autoriser la poignée de lycéens joinvillois qui a gentiment
secoué le vieux cocotier décati, à sécher
les cours, durant les Assises finales, afin de témoigner.
Les Conseillers généraux pourraient-ils se cotiser
pour leur payer le train jusqu'à Chaumont, puis le bus, jusqu'à Nogent
? Quoique ! Joinville est sur la route de quelques élus. En
s'organisant bien…
* l'expression n'est en rien péjorative. Bure, pour l'instant,
c'est un trou : du vide avec peu de chose autour.
Bonnes feuilles
et petites aiguilles
Ça sent le sapin. Il
y a même pléthore de feuilles – certaines
déjà caduques - sous les branches. Les
livres sur la Haute-Marne ou édités dans
ce département nous tombent dessus avec le naturel
bon goût d'une neige en polystyrène sur
des branches made in Korea.
On pourrait offrir l'admirable Chevaux de France* au Conseil
général, là-même où l'on a pu
entendre, d'une bouche autorisée «personne, en
Haute-Marne, n'est capable de faire un livre comme "Les mille
visages"». Castor et Pollux n'a pas fait aussi bien,
mais mieux. En toute discrétion. Cela dit, on ne l'enverra
pas ; ce bouquin est trop beau. On le regarde et on le garde.
Moins drôle. 6 h du
matin. Des pas dans la nuit. Un vieux chat borgne ricane
au fond du jardin. L'homme dort du sommeil du juste.
La porte - qui n'est même pas verrouillée
- cède sous un coup de fusil. Les intrépides
et cependant cagoulés pourfendeurs de sauvageons
bondissent vers la cible qui ronfle encore, le réveillent
comme l'ami Ricoré, mais avec les biceps de Monsieur
Propre. Ils lui caressent les côtes.
Le croirez-vous ? Il nie, l'effronté !
Alors, ils fouillent. Quand on cherche et qu'on ne trouve pas,
on s'énerve. Alors on fouille autrement, disons, un peu
dans l'urgence ; risquons le mot : dans la précipitation.
Mais rien. Rien de rien. Contrariant, non ?
- Allez, ouste, au poste. On l'embarque, hein, chef !
- Aïe. Mais vous m'avez fait mal. Et là, pourquoi
vous crachez ?
- C'est pas un crachat, juste une bavure**.
* Portrait des chevaux de France. Castor et Pollux. 200
pages. 49 euros.
** Toute ressemblance avec des faits existants ou ayant existés
serait purement fortuite.
Au commencement était
le verbe. LE ? Lequel. Etre ou avoir ? Forcément,
LE est L'un ou L'autre. Un de ces deux éminents
représentants de la fonction grammaticale la plus
mal nommée de notre grammaire : l'auxiliaire. Avoir ou être :
ces deux-là n'ont rien d'auxiliaires. Ils régentent
tout, depuis la fécondation (bonjour la conjugaison
du bébé cloné d'hier) jusqu'au surlendemain
du dernier soupir. Et encore l'aurons-nous défini,
ce verbe fondateur, qu'il nous faudra le conjuguer au temps
et au mode le plus pertinent. Tenez, au hasard, en fermant
les yeux : la Haute-Marne.
La Haute-Marne, elle a. Au présent, elle a de
la verdure, de l'eau (cela vaudra cher, demain l'eau), du calme,
un Y autoroutier, du savoir-faire. Au futur, elle aura encore
tout cela, on l'espère, plus le Pôle Diderot, une position
centrale géniale en Europe et des étagères souterraines à remplir
(Bure). Côté avoir, ça, pour avoir, elle a.
Mais côté être ? Qu'est-ce qu'elle est,
sinon ce qu'elle a ? Cruelle prise de conscience ! On en connaît
qui, dans le même cas, se confient au divan pour moins que
cela. En dehors des Haut-Marnais, qui sait ce qu'est la Haute-Marne.
La quoi…, dites-vous ?
Fin janvier, les assises ont tout intérêt à se
poser la question qui pourrait aussi s'écrire : ce département est-il
cohérent ? La Haute-Marne est-elle ? Au futur, cela
donne quoi ? On peut émettre des hypothèses, ou faire
des vœux. Justement, les vœux. Que tous les lecteurs abonnés à ces
modestes lignes, ceux qui les prennent avec humour, à quelque
degré que ce soit, ceux aussi qui les critiquent et vouent
leur auteur à l'enfer des scribouillards, que tous, même
et surtout ceux qui ne les lisent jamais reçoivent les vœux
authentiques du faux billet : sérénité et épanouissement
pour l'an neuf.
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