Année 2002 - Semaines 41 à 52

 

Bingo !

A vous de trouver où et quand.
Premier indice : quand un journaliste veut interroger un employé, pour rédiger un banal papier d'information, il doit obligatoirement demander l'autorisation de la hiérarchie du susdit employé. Sinon, c'est niet.
Mais "niet" est une fausse piste ! Il ne s'agit pas de Moscou sous Staline.
Allez, on se concentre.
Second indice : quand un employé croit savoir répondre à la question d'un journaliste, il doit impérativement obtenir l'autorisation de sa hiérarchie, sous-chef, chef et sur-chef compris avant d'ouvrir la bouche. Cela ne vous interpelle toujours pas au niveau du vécu ?
Troisième indice : ce n'est pas au Chili sous Pinochet. Trop facile.
Vous hésitez encore ? Lâchons l'indice décisif : Plusieurs jours sont nécessaires entre la question préliminaire banale et la réponse de la hiérarchie qui dit au journaliste si l'employé a le droit de rencontrer la presse. Votre visage s'éclaire. Bon sang, mais c'est bien sûr : la Ville de Chaumont au XXI e siècle ! Bingo !
La semaine prochaine : Pourquoi la vie est ailleurs ?

L'hypothétique tipule

De loin, Bruno Sido Bruno Sido pourrait laisser penser qu'il ne touche pas aux Assises. On devine certes qu'il n'en est pas tant éloigné qu'il n'y paraît ; on ne l'y voit point. Il survole, à la fraîche, les échos, les sondages, les interventions proprettes des uns et des autres. S'il pose avec discrétion son attention sur tel aspect du dossier, c'est sans provoquer le moindre remous, sans laisser la moindre trace. On s'attendait à ce qu'il réagisse vivement au brûlot bien provoc d'Eric Vigneron. Nenni. Rien. Comme cet insecte de nos campagnes communément nommé "cousin", parentée emphétaminée du moustique dit de Tibériade, il feint de ne rien voir et va pondre ailleurs, sous un bout de bitume du canton de Poissons.
L'infatigable et omniprésent gros bourdon bruyant d'avant les sénatoriales le cède aujourd'hui à la tipule qui nous abreuve d'hypothèses.
Il nous faudrait consulter un entomologiste afin de savoir qui, de la tipule ou du bourdon, peut prendre le plus de hauteur, sait voir le plus loin, pressent les dangers avec la meilleure acuité. La Haute-Marne a besoin de miracle, le premier d'entre-eux serait d'ailleurs qu'elle croie en elle. Ma foi…

tipule [tipyl] n. f. • v. 1600; lat. tippula «araignée d'eau». Zool. Insecte diptère de grande taille (tipulidés), à longues pattes grêles, dont les larves rongent les racines des plantes. (Sources : Petit Robert électronique)

La lumière du désert

Souvenons-nous : il fut un temps pas si lointain ou toute une zone du sud Haute-Marne passait aux yeux des Bragards et des Chaumontais pour l'épitomé de la notion de vide. On y dénombrait pourtant de nombreux habitants au kilomètre carré mais il s'agissait de sangliers. C'était avant que Bure ne supplante Auberive dans la conversation des fins esprits lorsqu'entre la poire et le fromage, on se gaussait du trou.
Or, il s'est trouvé dans et autour du désert haut-marnais d'alors des gens – dont des élus – pour :
1) observer
2) réfléchir
3) collaborer et entreprendre.
Observer qu'une jonction autoroutière peut servir à autre chose qu'à contempler les plaques d'immatriculations étrangères comme les vaches regardent les trains.
Réfléchir et se dire que la pointe sud du désert haut-marnais peut aussi être pile-poil le centre d'une des futures grandes régions de l'Europe.
Entreprendre des projets de territoire assez ambitieux pour convaincre les cadres dirigeants des entreprises qui ont de l'avenir de venir voir ce que l'on sait faire par ici. Oui, ici, du côté de cette terre qui a donné Diderot et où germa l'idée moderne et universelle d'Encyclopédie. Relisons Diderot à la lumière des connaissances et des techniques de ce siècle. Ah, si le savant philosophe pouvait subrepticement mettre son grain de sel dans des assises en quête de second souffle…

Transmission de pensée

Livrons nous ici et maintenant à une petite expérience de transmission de pensée. Sans solliciter votre avis, ce sournois faux billet va vous mettre quelque chose en tête. Prêt ? Chiche ? Alors voilà : la petite musique du répondeur de la direction des services fiscaux de Haute-Marne, qui nous titille le tympan sans vergogne, est celle, un tantinet répétitive, du Boléro de Ravel. On l'entend une fois, elle nous obsède toute la journée. Une vraie glu à neurones. Ca y est ? Vous l'avez, vous aussi, en tête ? Ta, tatata… Elle va revenir. Immanquablement. Systématiquement. Elle ne vous lâchera pas. Comme l'administration fiscale. Ta, tatata…
Tentez maintenant de faire le vide pour ce qui suit. Quelqu'un a lancé l'autre jour, bien provoc, en réunion sérieuse : «l'identité de Chaumont, c'est Langres». Le perfide trublion a même ajouté que le Pays de Chaumont, ce «territoire par défaut» avait vocation à s'associer au Pays de Langres.
Cela soulève deux questions :
1) Soit l'auteur de cette iconoclaste réflexion nous fait l'honneur de lire cette chronique1 et y accorde quelque crédit.
2) Soit il s'agit là aussi d'un second phénomène de transmission de pensée qui gagne de plus en plus de monde dans les deux-tiers sud de la Haute-Marne et qui fait dire au bon sens des gens bien informés : Pays de Chaumont et Pays de Langres sont condamnés à s'entendre. Ne le répétez pas, pas tout de suite, mais pensez-y très fort. Vous verrez.
En attendant, n'oubliez pas : Ta, tatata…

Qui, quoi, pourquoi ?

Avez-vous noté la substitution ? On ne devrait parler que des assises du développement. Or, le microcosme ne bruit plus que des Pays de Langres (naissance annoncée le 16 novembre) et de Chaumont (un peu plus tard). Tout cela pour une petite phrase de Thierry Simon. Reprenons.
Il y eut le quoi ; il y eut le qui. Demeure le pourquoi.
Le quoi, c'est, l'hypothèse d'une fusion des pays de Langres et de Chaumont. Hypothèse aussi pertinente que prématurée, aussi incontournable qu'indicible en l'état.
Le qui, c'est Thierry Simon. Sans Thierry Simon, avant Thierry Simon, des observateurs, au fait de la problématique des territoires, l'ont dit et parfois écrit. Lorsqu'ils le firent, dans l'indifférence générale, on a pu entendre les mouches - et leur cousins les tipules - voler.
Las, cette fois, Thierry Simon l'a dit. À sa manière, en plus, avec l'élégance rare d'un mammouth s'ébrouant au musée des châteaux de cartes. Dans ce verre d'eau tempétueux, le qui est autrement plus important que le quoi. Mais la seule chose qui compte, aujourd'hui, c'est le pourquoi. S'agissait-il pour lui de stigmatiser l'action des politiques du pays chaumontais, de Bruno Sido à Jean-Claude Daniel, mais qui, eux, ont été élus ? Ne s'agissait-il pas plutôt de nuire aux convictions unionistes en jouant sur l'effet forcément dévastateur de son intervention ? Peut-être tout simplement pour se faire un petit plaisir, dans un registre où il se sait encore fort : la provocation. Mais fallait-il seulement l'entendre au premier degré comme le firent certains ? Le connaissant…
L'épisode doit être oublié. Très vite. Après tout, sans Thierry Simon, les sud-Haut-Marnais montrent à tous la nette supériorité d'une concertation1 studieuse sur la commode provocation.

1 : À propos de concertation, il sera possible à tout citoyen d'engager le dialogue sur l'actualité autour de l'excellente choucroute organisée à Chaumont vendredi 6 décembre au profit du Téléthon. Les Langrois seront les bienvenus. Thierry Simon aussi...

Caudal et causal

Amis de la précision sémantico-lexicale, bonjour. Un abondant courrier reçu sur la tipule et ses cousins - les diptères, les hémiptères, les hyménoptères, les isoptères et même les lépidoptères- nous oblige à revenir sur la tipule1. On l'a donc identifiée en Haute-Marne. Les progrès de la science sont sidérants : depuis, nos services ont aussi repéré une présence avérée de nèpes dans certains bureaux d'administrations officielles. La nèpe est un insecte des eaux stagnantes. Le microcosme politico-adminitratif haut-marnais est donc, on le devine, un terrain très propice. La nèpe a une queue, comme pas mal d'autres de son espèce. Mais elle, elle s'en sert pour respirer. Convenons que cela est moins courant.
Restons avec les insectes et Dame Nature : le festival de la photo animalière de Montier-en-Der, qui ouvre ses portes jusqu'à demain soir, illustre cette année encore la pertinence de l'initiative : faire ici, avec une forte exigence de qualité, ce qui ne se fait pas ailleurs. Ou le faire mieux et autrement qu'ailleurs. On n'est pas plus bête que les autres.
Restons dans la précision avec une équivoque qu'il convient de lever rapidement. Le vrai prénom de Diderot est Denis et non pas Paul. Paul Diderot s'écrit en fait très exactement Pôle Diderot. Il s'agit du très ambitieux projet du Pays de Langres qui existe officiellement depuis hier soir. Puisque les spécialistes se plaisent à définir un territoire comme de la surface avec un projet, alors, le Pays de Langres est vraiment bien né. À cause du – ou grâce au – tissus associatif et aux femmes et hommes de bonne volonté de tout bord politique qui le composent. Eux nous ont prouvé qu'on n'était pas plus bête qu'ailleurs. C'est net.

1: Faux billets des 19 octobre et 9 novembre.

Il est

Jérusalem – Il est des terres promises à la lumière rédemptrice et d'autres à l'anonymat d'une ombre protectrice.
Il est des régions, telles les rives du Jourdain, où le problème de l'eau se vit avec une toute autre acuité que la gentillette vidange de la digue de Charme.
Il est des coins finalement assez proches, en ce bas monde, où les transports en communs montent, pour un aller simple des kamikazes endoctrinés et assassins alors qu'ailleurs, on se soucie surtout de l'électrification de la ligne Paris-Bâle.
Il est un bout de plage caressé par la Méditerranée où l'on guette le sillage mortifère des missiles irakiens ou des chasseurs israéliens, alors qu'au bord du Der, on observe le vol serein des grues cendrées.
Il est une terre à jamais majestueuse dont les pierres, jadis, fondaient les Eglises pour y tutoyer Dieu et qui aujourd'hui poussent les adolescents de deux camps à tutoyer la mort. Dans le Bassigny, lorsque tinte un caillou, c'est parce qu'il tutoie le soc de la charrue.
Il est une fois de plus avéré qu'il faut partir pour mieux se voir ; pour mieux savoir. Savoir quoi ? Que la Haute-Marne est un havre de paix enraciné dans une terre généreuse où la magorité des brebis qui s'y sont égarées à la fin de l'an de grâce 2002 après Jésus-Christ n'ont pas vraiment conscience de l'inappréciable bonheur de vivre en paix.

Quoi de neuf, les jeunes ?

«Les propositions de découpages des régions et de fusion de départements viendront des élus eux-mêmes» explique cette semaine l'inventeur de la France d'en-bas, Premier ministre de son état. Las, Jean-Pierre Raffarin n'est pas allé jusqu'à se pencher sur la France de tout-en-dessous-du-bas : la nôtre, celle dont les élus entendent "sciage de branche" lorsqu'on leur dit "redécoupage".
Deux hommes aussi proches que Luc Chatel (député) et Gérard Groslambert (conseiller général) conseillers municipaux élus sur la même liste, ont constaté leur désaccord. L'un, élu régional, souhaite que la Région pilote l'économie. L'autre, élu départemental, constate que le département est le mieux placé. Autrement dit : tout va mal ; ne changez rien. Et dire que le Gouvernement attend des propositions audacieuses !
François Cornut-Gentille a juste glissé, comme ça, que la Marne avait des choses à faire avec la Meuse. Par pudeur pour les esprits rancis, il n'a pas cité le troisième point du triangle. Puis il est parti, laissant le sort des Assises des Libertés locales entre les mains des forces tranquilles, très très très tranquilles de la Haute-Marne profonde. Chut !
Sans rapport apparent avec ce qui précède, le Conseil général sera représenté par un jeune élu dans les lycées. Philippe Bossois va y rencontrer les adolescents dans le cadre, cette fois, des Assises du développement. Allez-y, les jeunes. Bousculez-le, bombardez-le d'idées, de projets. Boostez-le de votre saine et iconoclaste ambition. Quoi de neuf demain ? Cela dépend de vous.
Sans rapport aucun avec ce qui précède, jetez-vous ce week-end sur le petit et génial "Oscar et la Dame Rose", d'Eric-Ammanuel Schmitt, chez Albin Michel. Contrairement à l'étape haut-marnaise des Assises des Libertés locales, c'est un vrai régal.

CG

CG comme complètement grotesque. CG comme Conseil général. Dans le cadre des assises du développement intensif des grosses bourdes qui font mal, les Éditions de la Martinière sortent, avec l'appui de notre bon Conseil général Haute-Marne, mille visages à découvrir. Il s'agit d'un livre, essentiellement de photos. Quelque chose à glisser sous le sapin des meilleurs gaffeurs.
Car le Conseil général, qui se bat farouchement pour préserver notre économie, faire connaître nos talents, promouvoir nos savoir-faire, n'a pas songé que notre département hébergeait quelques éditeurs. Si, si.
Un seul photographe haut-marnais – et encore, pour la portion congrue – a été sollicité. La quasi-totalité des clichés est le fait de photographes extérieurs au département. Les travaux de photogravure ont été confiés à une entreprise d'Ormes (45) et l'ouvrage a été imprimé en Italie.
Pour la fine bouche, signalons que la photo de cerf a été achetée à une agence parisienne ; sans doute n'y a-t-il pas assez de cervidés ou de photographes animaliers en Haute-Marne.
«Une quiétude naturelle invite à oublier les tribulations du monde» nous dit la quatrième de couverture. N'inviterait-elle pas plutôt certains à oublier d'où ils sont. Il n'est écrit nulle part qu'il était interdit de réfléchir, même pendant les tribulations des assises.
Côté tribulations, Didier Jannaud revient sur le devant de la scène médiatique alors qu'aucune élection n'est en vue. Le Cercle Marianne, qu'il préside, ambitionne de placer d'emblée la barre du débat intellectuel haut-marnais assez haut. Cette gauche moderne et communicante va-t-elle tenir son rang dans les assises, alors que la gauche classique brille par ses ronflements ? On en saura plus la semaine prochaine.

Toinou et Babeth

Dur métier que celui de conseiller général. Ingrate mission, que celle qui vampirise à ce point l'agenda de l'élu, qu'il ne peut même pas assister aux Assises du développement voulues par la docte assemblée dont il est le membre consciencieux. Car il sait, l'élu qui écoute et lit son président ; il sait tout de l'enjeu de la démarche. Il sait, mais y peut point. Voilà son (notre) problème : y peut point.
Comment expliquer, sinon, qu'il ne vienne pas sonder cette société civile à qui l'on donne enfin la parole. Ne généralisons pas. Philippe Bossois, infatigable, s'en sort fort honorablement dans son rôle de Monsieur Loyal. Antoine Allemeersch est venu de son trou*, lui aussi. Elisabeth Robert Dehault, la Bragarde, était chaumontaise le temps d'un atelier. Quid des autres ?
Car ils sont tous invités. Tous. Mais par un prompt renfort, ils ne viennent qu'à …un(e). Une fois Antoine, une fois Elisabeth. Vous allez dire : les absents ont toujours tort. C'est d'ailleurs vrai. Las, ceux qui ont tort sont justement censés, fin janvier, tirer des enseignements de travaux, de rencontres, d'échanges, auxquels ils n'auront pas pris part. Imaginez la scène : Bruno demandant un coup de main à Elisabeth pour savoir ce qui s'est dit.
Dans ce registre, justement : l'Inspection d'Académie pourrait-elle autoriser la poignée de lycéens joinvillois qui a gentiment secoué le vieux cocotier décati, à sécher les cours, durant les Assises finales, afin de témoigner. Les Conseillers généraux pourraient-ils se cotiser pour leur payer le train jusqu'à Chaumont, puis le bus, jusqu'à Nogent ? Quoique ! Joinville est sur la route de quelques élus. En s'organisant bien…

* l'expression n'est en rien péjorative. Bure, pour l'instant, c'est un trou : du vide avec peu de chose autour.

Bonnes feuilles et petites aiguilles

Ça sent le sapin. Il y a même pléthore de feuilles – certaines déjà caduques - sous les branches. Les livres sur la Haute-Marne ou édités dans ce département nous tombent dessus avec le naturel bon goût d'une neige en polystyrène sur des branches made in Korea.
On pourrait offrir l'admirable Chevaux de France* au Conseil général, là-même où l'on a pu entendre, d'une bouche autorisée «personne, en Haute-Marne, n'est capable de faire un livre comme "Les mille visages"». Castor et Pollux n'a pas fait aussi bien, mais mieux. En toute discrétion. Cela dit, on ne l'enverra pas ; ce bouquin est trop beau. On le regarde et on le garde.

Moins drôle. 6 h du matin. Des pas dans la nuit. Un vieux chat borgne ricane au fond du jardin. L'homme dort du sommeil du juste. La porte - qui n'est même pas verrouillée - cède sous un coup de fusil. Les intrépides et cependant cagoulés pourfendeurs de sauvageons bondissent vers la cible qui ronfle encore, le réveillent comme l'ami Ricoré, mais avec les biceps de Monsieur Propre. Ils lui caressent les côtes.
Le croirez-vous ? Il nie, l'effronté !
Alors, ils fouillent. Quand on cherche et qu'on ne trouve pas, on s'énerve. Alors on fouille autrement, disons, un peu dans l'urgence ; risquons le mot : dans la précipitation. Mais rien. Rien de rien. Contrariant, non ?
- Allez, ouste, au poste. On l'embarque, hein, chef !
- Aïe. Mais vous m'avez fait mal. Et là, pourquoi vous crachez ?
- C'est pas un crachat, juste une bavure**.

* Portrait des chevaux de France. Castor et Pollux. 200 pages. 49 euros.
** Toute ressemblance avec des faits existants ou ayant existés serait purement fortuite.

Verbiage

Au commencement était le verbe. LE ? Lequel. Etre ou avoir ? Forcément, LE est L'un ou L'autre. Un de ces deux éminents représentants de la fonction grammaticale la plus mal nommée de notre grammaire : l'auxiliaire. Avoir ou être : ces deux-là n'ont rien d'auxiliaires. Ils régentent tout, depuis la fécondation (bonjour la conjugaison du bébé cloné d'hier) jusqu'au surlendemain du dernier soupir. Et encore l'aurons-nous défini, ce verbe fondateur, qu'il nous faudra le conjuguer au temps et au mode le plus pertinent. Tenez, au hasard, en fermant les yeux : la Haute-Marne.
La Haute-Marne, elle a. Au présent, elle a de la verdure, de l'eau (cela vaudra cher, demain l'eau), du calme, un Y autoroutier, du savoir-faire. Au futur, elle aura encore tout cela, on l'espère, plus le Pôle Diderot, une position centrale géniale en Europe et des étagères souterraines à remplir (Bure). Côté avoir, ça, pour avoir, elle a.
Mais côté être ? Qu'est-ce qu'elle est, sinon ce qu'elle a ? Cruelle prise de conscience ! On en connaît qui, dans le même cas, se confient au divan pour moins que cela. En dehors des Haut-Marnais, qui sait ce qu'est la Haute-Marne. La quoi…, dites-vous ?
Fin janvier, les assises ont tout intérêt à se poser la question qui pourrait aussi s'écrire : ce département est-il cohérent ? La Haute-Marne est-elle ? Au futur, cela donne quoi ? On peut émettre des hypothèses, ou faire des vœux. Justement, les vœux. Que tous les lecteurs abonnés à ces modestes lignes, ceux qui les prennent avec humour, à quelque degré que ce soit, ceux aussi qui les critiquent et vouent leur auteur à l'enfer des scribouillards, que tous, même et surtout ceux qui ne les lisent jamais reçoivent les vœux authentiques du faux billet : sérénité et épanouissement pour l'an neuf.