Taxis de la (Haute)
Marne
C'est anecdotique. En citoyen responsable,
intelligent, prudent, un Haut-Marnais, dûment informé des
risques avérés de l'alcool au volant, décide,
pour le réveillon, de recourir aux services d'un taxi chaumontais.
Il s'y prend à l'avance, les appelle tous, jusqu'à ce
qu'il finisse par tomber sur celui qui se déclare de service
le soir de la Saint-Sylvestre. Notre homme propose même, pour
assurer la réservation, de régler la course à l'avance.
Inutile, répond le taxi. Vous n'aurez qu'à me téléphoner à ce
numéro vers 23 h, pour confirmer.
Vers 23 h, notre homme appelle. À 23 h 05 aussi. Puis à 23
h 10, 15, 20, 25 jusqu'à une heure bien plus avancée de la
nuit. En vain.
On se doute bien que le client déçu va faire la "publicité" qu'il
mérite au chauffeur indélicat. À celui qui, par son
sens aiguisé du commerce, jette localement le discrédit sur
l'ensemble de sa profession.
Une corporation d'ailleurs déjà citée lors d'un atelier
des Assises du développement ; un raccourci pertinent avait été établi
entre la situation de la Haute-Marne et celle des taxis de Chaumont. Ils
ont chacun leur petit numéro de téléphone particulier
au lieu de mettre en place un système intelligent de numéro
unique, bien plus commode. Et comme tous les voyageurs qui arrivent en gare
n'ont pas toujours leur annuaire sous le bras
Bingo !
Tant que la Haute-Marne sera organisée comme les taxis de Chaumont,
eh bien ! tant pis pour les voyageurs, tant pis pour les taxis, et tant pis
pour les Haut-Marnais.
Le trou est-il soluble dans l'eau chaude
? Antoine Allmersch va encore bondir. Le conseiller général
du canton le plus concerné par le laboratoire de Bure compte
pourtant parmi les plus dévoués, les plus honnêtes,
les plus travailleurs du Conseil général. Las pour
lui, l'Andra creuse (presque) chez lui ses deux
puits. Soit,
va pour puits, puisqu' Antoine Allmersch ne supporte pas "trou".
Les mots ont leur importance. Un trou, c'est du vide. Un puits, c'est
la même chose avec de l'eau au fond. Où en dessous.
Au fond, elle est fraîche. En-dessous, elle est chaude.
L'eau chaude à tous les étages, c'est le confort. Au sous-sol,
c'est de la géothermie. Or, si l'on respecte à la lettre les
textes, il y a bien là clause de non-trou, de vain puits. Cela dit,
la principale Loi sur le sujet a été bafouée des années
durant sans que le législateur s'en émeuve outre-mesure. Alors
cette eau chaude versée inopinément dans le vin du l'Andra
ne résout rien. Le sourcier Cedra nous dit où il ne faut pas
mettre les déchets. On attend toujours de savoir où il faut
les mettre ; et aussi avec quelle électricité on fera chauffer
l'eau du thé !
On ne s'en sort pas si mal, sur ce coup-là.
Depuis quelques jours, on n'entend plus parler de la Haut-Marnaise
la plus célèbre du monde en l'an 2003. Chut ! Moins
fort. Lisez tout bas avant que nos confrères du Monde ou du
Herald Tribune ne se réveillent. Louise Michel ? Nenni. Jeanne
Mance ? Ce sera pour bientôt, en même temps que Denis
Diderot.
Non, vous ne faites pas d'efforts. Vraiment célèbre ! Elle
a fait plus de "unes" en 8 jours que Louise et Jeanne en plusieurs
siècles. Brigitte Boisselier, bien sûr. La première Haut-Marnaise
faite évêque. Il est vrai au sein de la secte fondée
par un ancien confrère illuminé, fruit des entrailles d'une
Auvergnate qui aurait abusé de la soupe aux choux. Mais Haut-marnaise chut
! et surtout qui a failli être à l'origine du premier
bébé cloné de l'histoire de l'Humanité. Ça
n'est pas rien. Ce n'est peut-être pas vrai non plus. On attend toujours
la preuve promise par l'évêque. Soyons francs : on l'attend,
mais on ne l'espère pas. Ce serait raëlement faramineux que la
plus grosse clonerie humaine du millénaire naissant soit le fait d'une
fille de Haute-Marne.
Cela dit, puisque Brigitte Boisselier a de l'entregent avec les petits hommes
verts, on pourrait, par son entremise, leur demander conseil pour les puits
de Bure et les trous d'Arc, les Assises, le centre de gestion, le château
de Joinville
Avec elle, on n'est plus à une clonerie près.
Qui veut la peau de Marcel Lambinon
? On a beau chercher, deux éléments indispensables
manquent encore à l'accusation : 1) : le courage d'ôter
les oripeaux bien lestes de l'anonymat. 2) : l'énoncé de
la faute commise.
Sur ce dernier point, un seul reproche ressort à la relecture de
tout ce qui fut écrit sur le sujet : Marcel Lambinon ne dirige plus
une entreprise, donc il ne peut diriger la CCI. Il est facile de répondre
: 1) S'il dirigeait encore une entreprise ou un site industriel, il n'aurait
pas le temps de diriger la CCI. 2) Il dirige la CCI comme une entreprise.
Ne serait-il pas opportun d'adopter "la loi" au principe de réalité ?
On ne peut pas confier à un homme une mission puis lui reprocher
de s'y consacrer.
La méthode est révélatrice d'un malaise profond qui
saisit la Haute-Marne en maints domaines. On pourrait appeler cela la peur
de gagner. Des hommes neufs, au profil parfois inattendu Marcel
Lambinon est fils d'ouvrier mettent les pieds dans le plat. Nouvelles
méthodes, nouvelles idées, nouveaux projets, nouvelles ambitions,
nouvelles alliances aussi pertinentes que surprenantes, déstabilisent
un corps social léthargique qui ne sait plus imaginer.
La nouvelle dimension des Assises du développement nous le confirmera
sans doute si on y prohibe la langue de bois. En Haute-Marne, les patrons,
les syndicats, les enseignants, les artistes, les sportifs, les élus
et les
journalistes ont besoin d'être boostés pour retrouver
déjà des ambitions plus conformes à leurs talents, à leurs
atouts. Alors, chauffe, Marcel. Chauffe !
On a assez critiqué ici Bruno
Sido pour ne pas lui reconnaître aujourd'hui un certain sens
politique. De la chance, aussi. Encore faut-il savoir la saisir.
La chance, Bruno Sido ne l'invite pas courtoisement à prendre
le thé ; il ne la saisit pas non plus. Il la prend. Il l'empoigne.
Elle est sienne.
Cela nous vaut le très opportun report des Assises.
Boudée, voire critiquée par ses faux amis politiques, la
stratégie "assises" de Bruno Sido, à bout de souffle,
s'étiolait. Elle rebondit furieusement aujourd'hui. Acceptons l'augure
d'un sénateur des champs ralliant à son panache vert un ou
deux ministres
et les mises de fond qui transforment les discours
en actes. Attendons que l'État accompagne ici des projets innovants,
ambitieux et consensuels initiés ici (au hasard : Pôle Diderot).
Vous verrez alors que l'initiative vouée dans le meilleur des cas à d'oublieuses
errances deviendra le coup de maître politique haut-marnais de ce
début de siècle.
Simple esbroufe ? Utopie fumeuse ? Ou LA SOLUTION ? On n'est plus à une
semaine près. Mais bon
Alors, c'est quand ?
Même si ça n'est pas encore
sûr, on se prend à espérer. Et si c'était
vrai ?
Tenez, dès hier et pour deux jours encore, on a vu pour la première
fois côte à côte sur un seul site en Haute-Marne les
trois filières de formation. Rivaux depuis toujours, l'apprentissage,
l'alternance et l'enseignement général se sont entendus pour
offrir quelque chose d'enfin cohérent aux collégiens et à leurs
parents. On a vu aussi des collégiens du public et du privé se
mêler pour embrasser l'avenir.
Transposons : Imaginons un projet initialisé par un maire de gauche.
Un dossier qui serait relayé par un président de Conseil
général de droite. Attention, un beau projet. Pas de la gnognotte
avec chrysanthèmes et ruban réunis par la Redoute en 24 heures
chrono. Un Projet, somme toute. Avec financements de partout et même
d'Outre Atlantique. Avec partenaires très puissants, très
nombreux, aussi (re)connus dans le monde de la Connaissance que Langres
sur la carte de Météo France. Bref, un PROJET, tellement
,
enfin tellement
qu'il faudrait que tout le monde s'y mette pour le
porter jusqu'aux fonds baptismaux.
Impensable, en Haute-Marne. Impensable ? Vous en êtes sûrs
? C'est ça qui est peut-être en train de changer, avec aussi,
peut-être, la courbe plus tout à fait inéluctable du
déclin. Et si c'était vrai ?
(À suivre)
Les Haut-Marnais gardent mieux les
vaches que les secrets. Du côté des premières,
on veut croire, à quelques jours du Salon de l'Agriculture,
que la semaine verra germer les semences de la rencontre entre
les hérauts de notre ruralité atone, de nos paysans
inquiets et le ministre de l'agriculture. On veut croire que
s'il "nous" a reçus, ce n'est pas seulement
pour faire coucou devant le photographe. On espère, en
attendant que nos ruminants et nos petits Langres ne soient -
qui sait ?- plébiscités cette année encore à la
Capitale.
De Langres, il est déjà question avec la levée d'un
secret de polichinelle. Paul plus fort que Denis ? Paul Diderot. Mais écrivez-le
plutôt Pôle. Le nom de famille reste le même. Popaul
n'est pas le cousin de Denis mais son descendant. L'encyclopédiste
a fait des petits, surtout dans les idées. Les idées qui
deviennent du savoir. Du savoir qui se répand. Des connaissances
qui s'organisent. Et le Pôle Diderot qui va concrétiser
tout cela. Comme Diderot, le Pôle est né à Langres.
Mais si Diderot s'est fait seul, Popaul, lui, aura bien besoin des Haut-Marnais,
de tous les Haut-Marnais, pour transformer l'essai franco-canadien. Dans
la perspective des Assises et des ministres qui s'intéressent à cette
terre d'avenir, allez, on y croit.
À l'est,
en toute Franchise(s)
Soyons francs : la délocalisation
partielle de 3P est un moindre mal, pour qui s'autorise un regard
sans complaisance ni démagogie sur les Franchises. La
mondialisation va passer aussi par Langres. Intégrons
tout de suite cette loi coulée dans le plastique : tout
ce qui peut être produit et/ou assemblé moins cher
ailleurs le sera. Cet "ailleurs", est vaste et proche,
dans un temps et un espace singulièrement rétrécis.
Entendons-le aujourd'hui.
Quels sont aujourd'hui les clients des sites de production haut-marnais
? Les constructeurs automobiles. Où bâtissent-ils leurs
futures usines d'assemblage ? À l'est. Continueront-ils longtemps
de faire fabriquer des bouts de voiture sous un morceau de rempart qui
n'a même pas été capable de tracer une voie rapide
jusqu'à Belfort ? En toute franchise ?
Côté bitume, pour cette fameuse voie rapide, il se fait
bien tard. On peut mettre beaucoup d'argent et d'énergie dans
ce combat-là. On peut aussi s'engouffrer dans l'organisation des
autoroutes de demain. Elles seront numériques. La Haute-Marne
et le Pays de Langres se seront plus en marge, mais en plein centre.
Si tant est que le Pays de Langres existe un jour, en termes juridiques.
Quel jeu joue l'État, là, lui qui sait combien le plastique
peut fondre vite aux rayons d'un soleil qui n'a pas fini de se lever à l'est.
Ça
rassure
Ça n'a pas été assez
dit : la science est grande et le recours aux scientifiques d'un
appréciable secours en cette époque tellement troublée
que même la terre en tremble.
Il y eut un temps où l'on nous expliqua que le site de Bure avait été choisi
parce qu'il n'y avait là, sous le sabot des vaches, pas plus de
failles que de séismes.
Or, samedi soir, il semble bien qu'un phénomène géologique
qu'il faut bien appeler "tremblement de terre" n'a pas seulement
altéré l'alimentation électrique des réverbères
du Vert-Bois. Si quarante départements ont ressenti la secousse,
il y avait de fortes probabilités, disons 9,9 sur l'échelle
du bon sens qui en compte 10, qu'à Bure, terre de sérénité s'il
en est, cela bouge aussi.
Et si cela bouge si fort avant même que l'Andra ait touché le
fond (de ses trous), on peut se demander, si, ma foi, peut-être
que parier tout de suite sur 100 ou 200 mille ans d'immobilité argileuse
après ce que l'on vient de vivre, ce n'était pas un tantinet
présomptueux.
Nenni répond la science. Nenni ! Ce tremblement de terre a permis à l'Andra «de
vérifier que nos stations de mesure sismique fonctionnent bien
puisqu'elles l'ont enregistré». On est vraiment rassurés.
Non ?
On pourrait donner une petite touche
exotique à cette chronique, émouvoir nos vallons
paisibles avec la guerre et son authentique et criminelle soldatesque
au garde-à-vous devant la bêtise. Là-bas,
où des ethnies se font déjà manger. Au
sens propre. Au présent, à titre indicatif. Au
Congo. Sans Saddam, sans Georges W et sans pétrole.
Surpris, hein ? Vous saviez, vous, que cette vraie sale guerre
a commencé ?
Certes, on en parle peu ; même si le sang coule beaucoup, et
depuis longtemps. Cela nous éloignerait de la Haute-Marne et
grèverait par trop le taux de lecture incroyablement élevé de
cet entrefilet hebdomadaire. Revenons à nos vaches, sacrées
plus belles mamelles du Salon. Revenons à nous.
On se réveille, ce matin encore, sans plus de date pour les
Assises du développement. On n'a pas le choix : on attend. Un
ministre ? Deux ministres ? Une sacré bonne et grande nouvelle
? Sans promettre quoi que ce soit, Bruno Sido a beaucoup laissé entendre.
Trop ? Que va-t-il nous sortir de sa besace ?
Le Sud a le Pôle Diderot et Dijon lui fait des yeux doux. Le
Nord, triangulaire, va sous peu se découvrir de nouvelles ambitions.
Le centre attend
d'être mûr pour comprendre qu'un
territoire, c'est de la surface avec un projet. Bon, d'accord : entre
Châteauvillain et Bourmont, ça n'est pas la surface qui
manque.
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