Année 2004 - Semaines 11 à 20

Ploucs et toc

Amis ploucs, bonjour. Ne tergiversons point, lecteurs aimés de cette contrée rurale qui, telle le gruyère, est remplie de trous (non, non et non ; il ne s'agit pas de Bure !). Cette terre est pleine de patelins, lesquels sont pleins de fermes. Quoique, de moins en moins, car les temps sont durs pour les camarades paysans. Mais bon, disons qu'il y a plus d'authentiques exploitations agricoles en Haute-Marne que de fermes en toc dans le hall de TF1. Là, cette fois, c'est sûr, vous voyez où on veut en venir.
L'émission “la Ferme” est un affligeant ramassis de clichés éculés qui n'affiche que mépris et méconnaissance de la réalité du monde rural d'aujourd'hui. Il est des fermes haut-marnaise où l'on manipule quotidiennement les technologies les plus en pointe (Wifi à Mathons, etc.), d'autres où la culture des exploitants relève plus de la lecture des grandes œuvres de la littérature (Gaec du Val-du-Four à Essey-les-Ponts) que de l'obsession des courbes abêtissantes de l'audimat. La télé a voulu faire de nous, ruraux persistants, des ploucs arriérés. Mais les ploucs, les vrais...

Foutue semaine !

Amis râleurs impénitents, bonjour. Effectivement, on peut toujours se plaindre de vivre ici, perdu dans ce territoire “gruyère”. On peut toujours se lamenter de La liez qui manque d'eau, du Paris-Bâle, qui manque d'électricité, de nos sportifs qui manquent de condition, de nos élus qui manquent d'inspiration, de nos enterrements qui manquent de curés.
Vous en revoulez ? C'est sûr, le prix de l'acier monte, celui du lait baisse, les écoles et les maternités ferment etc.
On peut répéter ce refrain à l'envi. Mais ici, aujourd'hui, c'est l'eau de pluie qui irrigue nos sillons. Ici, aujourd'hui, les militaires ne tirent pas sur les gamines sous prétexte qu'elles jettent des cailloux sur leurs blindés. Ici, aujourd'hui, on ne torture pas dans les prisons et on n'égorge que la volaille. Ici, la seule chair que l'on exhibe est celle des bœufs, dans les boucheries.
Alors finalement, ici, aujourd'hui, ce n'est peut être pas si mal.