Année 2004 - Semaines 21 à 30

Croc. Miam !


Commençons par une question qui fâchera les Chaumontais : combien de visiteurs sont venus en Haute-Marne pour le Festival d'affiche ? Entendons-nous bien : pas les étudiants qui n'ont pas le choix et qui sont hébergés comme l'on sait. Pas non plus ceux qui ne sont venus que pour le concert de Sergent Garcia. Combien de personnes, donc, sont venues autrement que par obligation pour visiter au moins une exposition ?
Poursuivons avec un vil détail technique qui fâchera les Langrois : Le Pôle Diderot va, sans doute bientôt, disons ces prochains mois, nous démontrer que le Wifi (entre-autre) permet aux communes isolées en milieu rural de bénéficier du haut débit sans fil. Le dossier est ficelé. Risquons une boutade aux grands pontes du Département et du Pays de Langres : le prochain déplacement, après l'Allemagne et avant le Canada, ce pourrait-être pour le canton de Joinville...
A propos de pontes, on vous a épargné - censuré ? - le drame qui a secoué, dans la nuit de mardi à mercredi, Buxières-les-Froncles. Les poulets ont payé cher leur statut. Ne nous méprenons point : il s'agit bien seulement ici de gallinacés à plumes. Maître renard, par l'odeur alléché, leur tint à peu près ce langage : «Croc. Miam».
Vingt morts. «Terrible carnage» titrait notre correspondant qui n'a pas séjourné au Moyen-Orient depuis longtemps.

Tous ensemble, tousse...

Derniers, les footballeurs de Chaumont ont bu la tasse jusqu'à la lie. Avant-derniers, leurs collègues bragards ont peu à leur envier. Les volleyeurs ont attendu le dernier match pour sauver leur peau. etc. Le sport haut-marnais est à sa place, celle de la démographie déprimante du département ; celle d'une économie exsangue. Le président du CFC explique à juste titre que la seule chance de s'en sortir, pour son club, consiste à s'associer - et pas concurrencer - avec ses petits et proches voisins.
Ç a tousse à Brottes... Pourtant, d'évidence, il a raison. Comme le CVB ne pourra survivre qu'en étant... 52. Faut pas rêver : CVB tout court, il ne pourrait évoluer qu'en régionale.
Cette logique-là, on peut la copier-coller aux territoires. La région et le Grand-Est, prennent le pas sur le département, qui rétrécit. Quant aux communes, on sait ce qu'il en est.
On a inventé le Pays (Langres) ou les territoires pertinents (Triangle). Appliquons à ces formules pleines d'avenir les leçons reçues ailleurs comme autant de claques. Retenons les évidences, même et surtout si elles donnent du prurit aux intégristes du département :
1) Les Bragards - qui l'ont bien compris - ont plus d'avenir avec Vitry et Bar-le-Duc qu'avec Langres et Prauthoy.
2) Les pays de Chaumont et de Langres n'ont d'avenir qu'ensemble. Séparés, ils joueront dans les sous-divisions. Ne perdons plus de temps ; sinon, on ne toussera même plus tant le mal insidieux - la léthargie aveugle - aura condamné ce territoire. Faisons fi des arguties des chefaillons de cantons. Envisageons résolument nos projets à l'aune des territoires qui fonctionneront demain. Cette fois, le débat est officiellement lancé.

 

Pauvres C...

Soixante ans après les faits, une personne d'ici, qui sait de quoi elle parle – c'est gravé dans sa chair - expliquait hier à votre serviteur : «J'en ai plus bavé avec la milice qu'avec la Gestapo». Ceci pour expliquer aux jeunes générations que la frontière entre les bons et les méchants manque parfois singulièrement de netteté. Cela demeure valable aujourd'hui. Méfions-nous des pourfendeurs. Dans l'élan qu'ils voudraient juste et généreux, ils oublient le détail, la nuance. Par exemple ceux qui ont massacré l'exposition de Willem cette semaine à Chaumont ne sont que vils Censeurs, avec un grand "C" ; leur geste inique porte atteinte à la liberté d'expression. Le message du dessinateur peut déranger. On a heureusement le droit de ne pas aimer ; on a aussi le droit de le critiquer. Pas celui de le censurer. Le procédé ne date pas d'hier. Tenez, justement, il y a environ soixante ans…
Ne restons pas sur cette note affligeante. A Bure, demain, on touche le fond. Entendons-nous bien : vous ne lirez pas ici de jeu de mot laid sur le trou et les carottes. L'Andra ne savait pas où les mettre, ses carottes. Que personne ne s'exclame sur un ton égrillard : «j'ai bien une idée !» Ce sera en surface. Les visiteurs pourront même les toucher lors de l'opération portes ouvertes. Et toucher ce qui était le fond de la mer, ici, il y a soixante millions d'années, permet de relativiser l'importance que voudraient se donner les censeurs d'aujourd'hui.

 

Tout va bien, votez Nunuche

Une partie de la CGT de d'EDF a privé de courant, l'autre jour, des lignes de chemin de fer. Notez : ils ne sont pas prêts d'immobiliser la Paris-Bale. Ne riez-pas. Ca n'a rien de drôle.
La Confédération paysanne a invité les listes en lice pour les européennes à expliquer leur vision de l'agriculture. Trois candidats seulement sont venus. Et ils étaient en retard. Ça promet, lorsqu'il faudra aller jusqu'à Strasbourg.
L'autre jour, un conseiller général demande à ses collègues : «le site internet de la Haute-Marne, on pourra le consulter en dehors des limites de la Haute-Marne ?».
Evidemment, Nunuche. Allez, on va dire que ça n'est pas grave. Mais à toujours voter Nunuche, il ne faut pas se plaindre ensuite.

Au trou, les bisons

Grosse fuite à Bure : un mort ! Ce titre-là aurait été avéré, cette semaine. Sauf que la fuite en question était celle d'un troupeau de bisons, lesquels, comme les neutrinos sont épris de liberté. A l'armée, ces déserteurs auraient eu droit au trou. À Bure, on n'ose pas. Le mort est un des artiodactyles évadé. Ouf !
Nos hommes politiques, de droite et de gauche, se retrouvent sur un point : lorsqu'ils gagnent les élections, c'est parce qu'ils sont les meilleurs. Lorsqu'ils les perdent, c'est la faute aux méchants journalistes qui font rien qu'à les embêter.
Vous êtes au courant ? Ce n'est plus la CGT qui coupe l'électricité. C'est la base, maintenant. Or, le tronc commun de la base et de la tête est d'être loin, ailleurs, intouchable. Prenez la tête de la Poste, celle qui réduit le service dû au public, à Sommevoire, par exemple. Le maire envoie des courriers (par la poste, aïe !), remue ciel et terre. Le courrier se perd. Jamais personne ne décide. Point de responsable. Mais la Poste de Sommevoire – et d'autres - perd tout de même un tiers de ses heures d'ouverture. C'est le progrès.

Papounet

Savez-vous pourquoi le journal évoque si peu certaines affaires d’assises ? Parce que le huis clos y est prononcé. Souvent pour des dossiers d’inceste. Papa et ses filles, en gros, pour les cas les moins tordus. Il paraît que c’est propre - si l’on peut dire - aux régions rurales, pour ne pas dire reculées. Il faut vraiment qu’on s’en sorte. On va demander à nos élus de faire quelque chose.
A propos d'élus, pour la fête des pères, mais ça n’a probablement aucun rapport, Jean-Philippe Geoffroy, maire et conseiller général d’Andelot, a fait poser une plaque de marbre à la gloire de Marcel Geoffroy, ex maire et conseiller général d’Andelot. On imagine le discours : «Monsieur le préfet, mesdames et messieurs les élus, papa ; ce n’est pas sans une certaine émotion...».
Déjà, les mandats électifs qu’on se refile de père en fils, ça fait un peu république bananière. Mais le coup de la plaque - le coût aussi... - du fils au père, du vivant de celui-ci. Après tout, on est en démocratie. Aux habitants de la bananeraie de choisir leur régime.

Téméraire

Il va y avoir des déçus. Car avouez-le, amis lecteurs consommateurs chroniques de faux billets, vous vous attendez à un jeu de mots facile sur cette Haute-Marne qui parraine un sous-marin : on taira pour l'instant pudiquement les "on touche le fond" ou les rapprochements vaseux avec un trou profond et – dit-on - plein d'eau.
Pour l'heure, deux histoires vraies bien de chez nous vont éclairer de francs sourires vos visages encore palots de néo-vacanciers.
Une touriste étrangère en gare de Montpellier :
- A ticket to Bologne please…
- Voilà, ma p'tite Dame
Et le préposé de lui indiquer la voie et Ze good train. C'est en arrivant en gare de Chaumont (France), et lorsqu'on lui indiqua le bus qui allait jusqu'à Bologne (France – 52, après le rond-point) qu'elle comprit que l'Italie, ce n'était pas encore ici. La pizzeria du Terminus l'a aidé à supporter la contrariété.
Vous vous souvenez de l'union de Bègles ? L'un des deux maris est salarié dans une grosse entreprise haut-marnaise. Etait, plutôt. Il avait posé un "congé" pour… se marier. Refus de la direction. Il a passé outre, enchaînant avec un congé prolongé pas plus accepté que le précédent. Il a juste eu le temps de démissionner, avant de recevoir sa lettre de licenciement. Téméraire, le garçon.

Coup de blouse

Dire que Bruno Sido voit dans le Téméraire un symbole d’ouverture ! Il faudra le surveiller de près, s’il part en plongée. Au cas où lui viendrait l’idée, justement, d’ouvrir quelque chose. Une porte…
Moins drôle : le procès des médecins de l’hôpital de Chaumont, mis en examen pour homicide involontaire. La Justice fera son travail. Mais ce que les hommes en blouse ont dit, et plus encore leur silence gêné, laissent pantois.
En gros, vous comprenez, on est en Haute-Marne, dans le trou du cul du monde. Alors il ne faudrait tout de même pas espérer y bénéficier des mêmes soins, de la même sécurité qu’à Dijon. A l’hôpital de Chaumont, il n’y a pas de chirurgien vasculaire. Alors on fait sans. Et si le trocart, ou la main qui est derrière, a une “faiblesse”, tant pis pour la vie de celle qui est devant. On fait avec les moyens du bord.
A bord du sous-marin, on trouvera des technologies de l’information et de la communication qui permettraient, avec quelque adaptation, d’opérer à distance. Vite, messieurs à pompons. Help ! Avant qu’il ne soit plus téméraire de se faire opérer de l’appendicite à Chaumont qu’au fond de l’Atlantique nord.