2003 : bilan et perspectives

   
Projets complexes, transversaux, symposium, colloques... En 2003, la Haute-Marne – quelques-uns d'entre-nous – ont osé transformer la difficulté en défi. Leurs bébés portent notre avenir. Allez, on y croit !
La Chambre de commerce et d'industrie a eu le nez fin. Sa carte de vœux, très high tech graphiquement, cite en exergue un ancien résolument moderne, l'ami Sénèque : «Ce n'est pas que les choses sont difficiles que nous n'osons pas. C'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles». La formule illustre bien la substantifique moelle de l'an de grâce 2003 en Haute-Marne.

Une année qui a fait faire au département un saut qualitatif aussi impalpable aujourd'hui qu'il sera intellectuellement préhensible demain.Dire "2003" relève de l'arbitraire. Pour le Pôle Diderot, par exemple, la réflexion a commencé bien avant. Mais souvenons-nous : c'est en avril de cette année qu'a eu lieu le premier symposium, cet instant "T" d'où apparemment tout a jailli. Or, organiser en Haute-Marne un symposium international et parier sur le succès de l'initiative vous aurait, AVANT, parfois fait passer pour un fou dangereux, souvent pour un doux rêveur au passage duquel on aurait eu le droit de sourire, avec une condescendance discrète ; ce qu'ont su si bien faire des générations d'élus d'ici, quand ici était nulle part avec la Boisserie au milieu.
Ceux-là mêmes qui ont peut-être ri grassement lorsque pour la première fois – c'était en 2003, aussi – Jean-Loïc Carré a évoqué l'arrêt du TGV en Haute-Marne. Mais si, voyons ! vous savez, celui qui veut faire un nouveau truc, à Nogent. De la recherche, de l'enseignement supérieur et de l'industrie au même endroit, en rase campagne. Faut oser, tout de même… De fait, il faut oser. Ceux qui étaient à l'origine du Pôle Diderot, à Langres, ceux qui étaient à l'origine du Pôle technologique de Haute-Champagne (PTHC), à Nogent, ont osé, en 2003. Et de difficiles, les choses sont devenues complexes.
Complexes comme une équation ; c'est-à-dire avec au moins une solution, pour qui s'y attelle avec méthode.

Deux pôles qui ne perdent pas le nord

En osant, ils osaient aussi frapper à des portes qu'on pensait réservées à d'autres. Celle de l'Europe, entre autres. La Haute-Marne découvre en 2003 que la Communauté – ils sont combien, là-dedans, au fait ?- n'est pas qu'une machine à bouffer notre agriculture.
La porte du Canada, aussi, qui va célébrer en 2004 le quatrième centenaire de sa naissance, naissance à laquelle ont participé, voilà quatre siècles, des Haut-Marnais qui osaient, et une Haut-Marnaise qui en avait (de l'audace) : Jeanne Mance.
Les deux Pôles, donc. Ces deux projets vivifiants dont l'ambition dépasse largement les vieux murs de Langres et la zone industrielle de Nogent.
Nogent où s'est tenu un colloque sur les déchets nucléaires. On regrettera juste ici que les "pour" n'aient eu quasiment personne en face. Danielle Charlemagne était bien seule. Mais revenons au colloque, lui aussi international. Sans se prononcer ici sur la pertinence scientifique ou la scandaleuse solution des trous de Bure, l'événement fut une réussite quant à la démonstration apportée par les Haut-Marnais : ils sont capables d'organiser quelque chose d'ambitieux. Les Assises du développement avaient rodé la machine.
C'est vrai, en 2003, notre agriculture a encore souffert. Nos routes sont toujours aussi dangereuses et nos jeunes conducteurs toujours aussi… jeunes. Des entreprises ont licencié. Les vieux, nos vieux, s'éteignent trop souvent - avec ou sans canicule - dans l'indifférence, voire le dénuement. AVANT, ces injustices-là et tant d'autres plantaient déjà leurs griffes sur cette terre de nulle-part. Mais avant, il n'y avait ni Pôle Diderot, ni PTHC pour suggérer des directions. AVANT, chaque année à cette date, on dressait des bilans. Maintenant, on fait aussi des projets. Rien que pour cela, 2003, ma foi…