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Le
Pôle Diderot déploie ses projets
(JHM
- decembre 2003)
Le
Pôle Diderot avait annoncé la couleur : 2004 serait la première
année du déploiement. De fait, les projets se mettent en place.
On retrouve en divers domaines les pistes savamment ouvertes lors du Symposium.
Tout se tient.
Jean-François Chanot, chef de projet du Pôle Diderot, confirme
l'entrée en phase de déploiement. On citera pour l'anecdote l'invitation
faite au Pôle, de la part du Premier ministre du Canada et du Président
de la République, pour le lancement du programme "Canada-France
1604 – 2004". Il faut d'abord y voir une forme de reconnaissance.
Nettement moins anecdotique est la participation du Pôle Diderot au Cybermodule, émanation
numérique du quadricentenaire. Il sera mis en place, sans doute vers
mars, dans le musée de Langres et à la cyberbase de Prauthoy.
Le projet total est d'envergure mondiale. Une convention entre le Pôle
Diderot et la communauté de communes de Prauthoy est en cours d'écriture.
Le Pôle nous a offert un symposium cette année ; il nous concocte
des colloques pour l'an prochain. Citons celui de la société d'encouragement
aux métiers d'art (SEMA), en mai. L'idée est de faire passer
dans les esprits que les savoir-faire sont des richesses. Ces savoir-faire
se perdent. Numérisons-les pour les sauver. Or, la numérisation,
justement, est un des dadas du Pôle Diderot. Un Pôle qui participera ô combien
activement, on s'en doute, au colloque consacré en avril aux technologies
de l'information, de la communication et de la connaissance en milieu rural.
On devine que nos deux sénateurs en seront également…
On retrouvera le Canada aux côtés du Pôle Diderot puisque
ces deux acteurs de l'innovation joueront conjointement un rôle majeur
au colloque Innovact de Reims, en octobre.
La Joconde passe à table
Autre partenaire de choix déjà rencontré au Symposium
: le Louvre. On le retrouve. Les Musées de France doivent faire numériser
leurs actifs par des organismes publics ou, mieux, du privée. Le marché est
gigantesque. Le Pôle Diderot servira d'intermédiaire pour rabattre
du travail, prioritairement aux entreprises haut-marnaises. Dans ce registre, évoquons
aussi "@rt on demand ou @OD". Schématiquement, il s'agit de
mettre à la disposition des individus (qui visitent un musée,
par exemple), des entreprises ou collectivités territoriales la possibilité d'imprimer
sur des supports très variés et de tout taille la reproduction
d'une œuvre d'art. Cela implique d'abord qu'elle soit numérisée
(relire le paragraphe qui précède) et ensuite que l'on puisse
l'imprimer. Sur une feuille de papier 80 g en A4, cela devrait pouvoir se faire
dans l'enceinte même du musée. Pour des options moins standard
(la Joconde sur la nappe en toile cirée de belle-maman de 1,50 m sur
4 m), il faudra recourir à des imprimeurs innovants. On en connaît
dans le sud-Haute-Marne. Mais un fichier graphique de haute-définition
de 1,50 m sur 4 m, pour venir jusque dans la mémoire vive du traceur
HP dernier cri, cela requiert un accès internet très très
très rapide. Or, justement, cela tombe encore plutôt bien, Langres
et sa région vont devenir une sorte de laboratoire pour les technologies
alternatives. Les partenaires seront nombreux. Aux côtés du Conseil
général, qui jouera souvent le jeu, citons cette fois le géant
Cisco qui fournira le matériel de test. Le très haut débit
permettra à la Joconde de voyager sans encombre jusqu'à la zone
industrielle de Langres (au hasard) mais aussi à Rolampont et Prauthoy
de se connecter. A leurs entreprises aussi…
Portables à la maison
Les citoyens de base vont aussi bénéficier des efforts du Pôle
puisqu'on reparle d'équiper tous les Langrois scolarisés en CE2
d'un ordinateur portable (portable, donc qui rentrerait à la maison).
Les transactions techniques vont s'ouvrir avec l'Inspection académique.
D'autres communes du Pays de Langres devraient s'associer au projet. La citoyenneté trouvera
aussi son compte dans l'accès libre et gratuit des habitants aux deux
meilleures encyclopédies en ligne actuelles : Encarta et l'Encyclopédie
Universalis. On reparlera le moment venu du site portail d'auteur, de son volet "corpus
philosophique" associé à l'efficacité d'un arbre
de connaissance que l'on a appris à découvrir lors du symposium.
D'autres projets vont se mettre en place : 24 fiches opérationnelles
sont rédigées. Chacune fait l'objet d'un dossier spécifique
avec objectifs, ressources affectées et partenaires. L'année
2004 sera fertile en innovations. Elle verra aussi le Pôle s'installer
en ses murs, rue du Cardinal Morlot, à Langres. HP fournira l'équipement
informatique. HP, un autre des partenaires techniques qui croient au projet.
Et si des EDF, Minolta, Net Centrex et autres rejoignent la Caisse des dépôts
et l'ambassade du Canada autour du projet et y croient, les derniers Haut-Marnais
réticents vont peut-être s'y mettre aussi…
Langres 2004
Déploiement attendu pour le Pôle Diderot
Fort
de ses partenaires, de la pertinence scientifique, technique et économique
de son projet, le regard rassuré par un tableau de bord exigeant mais
rassurant, le Pôle Diderot crée ses premiers vrais emplois en
2004.
L'affaire n'était pas gagnée d'avance : convaincre les élus,
et au-delà des élus, les décideurs que le Pôle Diderot
relevait d'abord de la sphère économique. À l'aube de
2004, le message semble passé dans les esprits : ce projet-là,
innovant donc difficilement préhensible intellectuellement, n'est en
rien un joujou pour universitaires à la campagne. C'est un outil complexe,
multiforme, basé sur l'émergeante et prometteuse économie
de la connaissance, qui devra créer en Haute-Marne de l'activité,
donc de l'emploi, donc de la richesse. Et marier la connaissance et la richesse
peut encore donner des boutons à quelques-uns.
2003 fut une année de définition. Tout en rigueur et menée
au pas de charge, la gestion du projet n'a rien à envier à ce
qui se fait de plus avancé en matière de management Outre-Atlantique.
Quelques élus ont parfois été désarçonnés.
Mais l'Outre-Atlantique a parfois du bon lorsqu'il parle aussi français
: le gouvernement fédéral du Canada – pas seulement le
Québec – en pointe au niveau mondial pour ce qui touche au sens
large à la cartographie de la connaissance, parie sur la pertinence
du projet l’angrois. La stratégie d'alliances proposée
par Jean-François Chanot accueille au sein des partenaires des entreprises
privées, les recherches publique et privée, des universités,
le département numérisation du Louvre etc. Du beau monde !
Le Pôle Diderot a fait chauffer ses PowerPoint. La stratégie est
définie. Les partenaires sont là. Le tableau de bord rassure.
Le budget (21 millions d'euros sur cinq ans) guide. Pour favoriser l'implantation
d'entreprises sur la terre qui a vu naître l'Encyclopédiste, le
Pôle sait maintenant où il va, et avec qui. En fin d'année,
le Conseil général et le Conseil régional ont fait savoir
qu'ils accompagnaient le projet.
2004 sera la première année de déploiement.
Une demi-douzaine de dossiers pourraient être opérationnels dès
le premier semestre. Tout repose sur un modèle économique qui
ne fâchera plus que les dogmatiques : les fonds publics servent à amorcer
la pompe ; l'initiative privée prend le relais, engendre de l'activité,
crée de la richesse. L'économie sociale et solidaire n'est
pas en reste.
Un des premiers dossiers ouverts sera le système d'information géographique
(SIG). Cette base de donnée intimement fusionnée avec des cartes
sous forme de "couches" permet de prendre des décisions complexes,
pertinentes, en temps réel sur un territoire. Langres et le Pays de
Langres se lancent. C'est chiffré, phasé. Les compétences
sont repérées.
Mais le grand public attend surtout des implantations d'entreprises. Des
pourparlers sont en cours avec une quinzaine de sociétés qui pourraient créer
chacune entre deux et cinq emplois. Elles se déploieront dans les secteurs
de la création multimédia, le recyclage des PC, la numérisation
etc. Des aides directes et indirectes sont diligentées avec les institutionnels
concernés.
Les services à la population ne seront pas en reste. On verra notamment
les scolaires de la cité lingonne équipés en matériel
informatique. Cela se fera en partenariat avec l'Inspection d'académie,
les enseignants et les familles. Les Langrois s'inspirent là de l'expérience
de Besançon. La première commande sera passée par la Ville à des
entreprises locales.
Langres pourrait aussi devenir ville-test pour expérimenter les technologies
alternatives d'accès à l'internet à haut débit.
On évoque le Wifi ou encore les courants porteurs en ligne entre et
autour des remparts. Le hasard – mais y-a-t-il un hasard ? - fait bien
les choses : une ville allemande teste déjà le courant porteur
avec 700 abonnés : Ellwangen ! Ville jumelée à Langres.
Trente-six fiches-actions sont calibrées, prêtes à sortir
des cartons. Fin 2003, l'association de préfiguration du Pôle
Diderot fait décoller les premiers de ces projets. Puis un GIP (Groupement
d’Intérêt Public) prendra le relais. Il permettra de conjuguer
les fonds privés et les fonds publics. Suivront à la fin de la
décennie un Institut Diderot et une Fondation Diderot.
Le siège social du Pôle s'installera au printemps rue du Cardinal
Morlot à Langres.
Pôle Diderot : du lien pour sept
Il communique enfin. Il,
c'est le Pôle Diderot. Un "quelque chose" de
provisoirement très virtuel, né au pied des remparts de Langres.
Une idée qui – transcendant largement les clivages politiques
haut-marnais - a germé ici dans des esprits féconds. Le projet
a essaimé outre-Atlantique (si, si…) abondant sans le savoir
dans le sens des Assises du développement. Tout est lié.
Difficile, décidément, d'évoquer ce que sera le Pôle
Diderot tant il relève aujourd'hui encore du virtuel. Pour peu de temps.
Mais aujourd'hui, il n'existe pas encore de modèle exactement comparable.
Ni ici en Haute-Marne, ni ailleurs. C'est un projet innovant. Ambitieux aussi.
Transversal, surtout : il touche à tout. L'économie, d'abord,
avec un volet "entreprises" très marqué. Au social
aussi, avec l'économie solidaire. À l'éducation et à la
culture. À la Recherche et aux nouvelles technologies. Au développement
local. Aux relations internationales. À la philosophie, enfin. Et encore
est-on loin d'avoir fait le tour de ses implications futures. Faut-il s'en
plaindre ? Ça n'est pas sûr.
De la vie ici et autres paradigmes
Impossible de classer tout cela sur un schéma en 2D. Inimaginable de
confier ce foisonnement nouveau au fil trop ténu d'une lecture linéaire.
Imaginons d'emblée plusieurs entrées. C'est aisé. Imaginons
surtout des liens invisibles entre chacun de ces articles. Chacun des domaines
est indissolublement lié aux autres. Imaginons une toile d'araignée
développée en sphère. La lumière la traverse sans
obstacle. Chacun des points, en périphérie et à l'intérieur
de cette sphère, est cependant relié aux autres ; en passant
par le centre – le nœud, la partie "matérielle" visible – que
nous appèlerons Pôle Diderot. Chacun des points est aussi relié à chacun
des autres par des liens commerciaux, intellectuels, des services, des intérêts
communs, des projets parallèles etc.
Appréhender le Pôle Diderot ne saurait se concevoir comme la lecture
d'un feuilleton du 19e siècle : de la première à la dernière
ligne, en prenant les épisodes dans l'ordre imposé par le récit.
Il convient plutôt de butiner de-ci de-là, en périphérie
et à l'intérieur de cette sphère, de s'arrêter sur
tel ou tel aspect, de l'explorer, de l'enrichir de ce que l'on y apportera,
de s'en enrichir aussi. Si le Plateau de Langres est généreux
en air pur et en eau fraîche, il n'est écrit nulle part que quelques
euros de plus et la conquête de nouveaux marchés ne sauraient
contribuer à l'épanouissement de la vie, s'il est vrai qu'elle
est ici.
Sept axes
Le Pôle Diderot, c'est peut-être d'abord cela : de la vie ici.
De la vie pour les entreprises, pour les étudiants, pour les chercheurs.
De la vie pour les idées.
On va dire foutaises. On va dire poudre aux yeux. On va dire : c'est trop
grand, trop beau. Ça n'est pas pour nous, gens d'un plateau perdu, balayé par
les vents, enveloppé par la neige. Terre oubliée ?
Terre fertile ! Aurait-t-on oublié Jeanne Mance et Diderot ? Nous sans
doute. Pas les Canadiens. Ils s'y entendent aussi en froidure, en neige. Ils
s'associent au projet. Étroitement. Au plus haut niveau. Et la Haute-Marne
ne jouerait pas le jeu ? Allons, soyons sérieux. Commençons par
jeter un coup d'œil aux sept axes qu'évoque systématiquement
Jean-François Chanot, le chef de projet, lorsqu'il développe
le projet devant des élus français ou canadiens, des chefs d'entreprise
ou des leaders d'opinion, acteurs médusés et bavards du Pays
de Langres.
Pourquoi le Canada
Le
Canada tient un rôle
prépondérant dans le projet Pôle
Diderot. Quatre siècles après Jeanne Mance, des intérêts
communs font mieux que s'esquisser.
Le Canada célèbre l'an prochain le 400e anniversaire de sa "naissance".
Or, qui trouve-t-on à l'origine de la création de Montréal
? Une Haut-Marnaise, Jeanne Mance. Nous l'avons oublié. Pas eux. Dans
le cadre du volet international des commémorations, qui se dérouleront
jusqu'en mars 2005, les Canadiens, qui savent ce que francophonie veut dire,
ont inscrit à leur ambitieux programme plusieurs grands projets en France.
L'un de ces projets est directement lié au Pôle Diderot.
C'est un Canada moderne qui arrive, sans cabane en rondins ni forêts
hantées par les loups. On les y laissera danser en paix. Les interlocuteurs
nord-américains du Pôle Diderot sont gens de modernité,
intéressés par les hautes technologies, la diversité culturelle.
Il veulent développer des partenariats et des réseaux. Cela tombe
bien : le Pôle Diderot aussi. Le grand secteur allant de la culture
aux nouvelles technologies formera la partie centrale et essentielle de ce
nouveau
partenariat entre la France et le Canada.
«
La recherche qui va être conduite par le Pôle Diderot s'avère
capitale. Des groupes et institutions canadiennes et françaises doivent
et veulent participer. Le Canada estime que le partenariat avec la France est
naturel, voire idéal car il associe les savoir-faire et les qualités
européennes et nord-américaine» expliquait le 15 janvier
dernier Terrence Lonergan, Ministre – conseiller à l'Ambassade
du Canada. Le thème fédérateur du Pôle, la cartographie
de la connaissance, ne "cause" pas encore aux Haut-Marnais. Mais
il intéresse des chercheurs, des universitaires, des fondations ou des
sociétés privées, de part et d'autre de l'Atlantique,
et même bien au-delà. Les enjeux de demain s'y trouvent. Les philosophes
et les économistes nous le disent. On ne le comprend pas forcément,
mais on le pressent. Que Canadiens et Français qui partagent déjà des
ancêtres et une langue, décident d'associer leurs atouts et de
conjuguer leurs efforts à l'heure du document électronique, est
rassurant. Que cela passe par la Haute-Marne et le Pôle Diderot est réjouissant.
Bien sûr, Jeanne Mance n'a pas suffi. Il a fallu frapper aux bonnes portes
et convaincre les dirigeants qui travaillaient derrière. L'équipe
Pôle Diderot n'était pas constituée que déjà le
projet bénéficiait de l'entregent d'un Haut-Marnais au parcours
intéressant : Adolphe Léschevin d'Erre. Son parcours diplomatique
l'a conduit longtemps au Canada. Il y a conservé moult solides amitiés
dans les sphères dirigeantes. Ses interventions furent décisives.
Richard Pierre (Ville de Langres) et Jean-François Chanot (Pôle
Diderot) notamment ont été assez persuasifs pour faire d'une
bonne idée appliquée à un carnet d'adresses un projet
qui défie l'horizon.
Faire de Langres LE site incontournable
Le
Pôle Diderot ne
sera ce qu'il prétend devenir que s'il parvient à déployer
dans les dix ans qui viennent un site portail d'auteur consacré au
philosophe langrois ; en d'autres termes, tout ce qui se produit, se montre,
se dit, s'écrit à propos
de Denis Diderot, de son œuvre, de sa pensée, doit à terme être
retrouvé à partir de ce site virtuel. Depuis n'importe quel
pays, avec n'importe quel ordinateur, sur n'importe quel réseau, si
l'on saisit Diderot en interrogeant n'importe quel moteur de recherche, on
arrive tout
de suite sur le site langrois. On devra y trouver tout ou les liens pertinents
qui mènent à tout sur Diderot. L'ambition est de taille ! La
technologie spécifique retenue pour ce site fera l'objet d'un dépôt
de brevet. Les universités de Montréal, Ottawa et Laval notamment,
jouent le jeu. L'Europe n'est pas en reste : Paris VI, Paris VII, Paris X
et d'autres sont intéressées.
La Société Diderot sera un allié précieux lorsqu'il
s'agira d'investiguer le fonds Diderot à Saint-Petersbourg en Russie.
Jean-François Chanot attend des collaborations internationales d'étudiants
doctorants. Un programme européen e-Content sera déposé le
31 mars prochain.
Du concret, et
que ça saute ! (aux yeux…)
Le
projet de scénographier
Diderot dans la cité lingonne est
sans doute le volet le plus immédiatement perceptible par le plus
grand nombre de Haut-Marnais. Il ne sera nullement besoin, là, de
disposer d'une connexion internet. Une paire d'yeux fera l'affaire.
Le principe : que n'importe quel touriste, utilisant ou pas l'autoroute
toute proche et qui s'arrête au pied des remparts, garde à jamais en
mémoire l'idée que Langres et Diderot sont liés. Ce qui
est valable pour les Néerlandais en goguette le sera tout autant pour
le natif du plateau. Le patrimoine local et tout ce qui touche à Diderot
et à l'Encyclopédie devront nous sauter aux yeux. Bon sang, mais
c'est bien sûr ! Alors, on imagine des panneaux, ces bons vieux panneaux,
des affiches (Tiens, les graphistes de la toute proche ville de l'affiche pourraient
peut-être s'y intéresser). Mais pas seulement. On fait de formidables
choses lorsque l'on maîtrise la lumière. Des murs d'images, notamment.
Des partenariats sont plus qu'envisagés, notamment avec EDF et sa
filiale Proxitel.
Le spectacle vivant ne saurait être négligé. Les compagnies
théâtrales locales, comme la Compagnie Humbert, la Compagnie des
Hallebardiers et Théarto seront sollicitées. Il faudra être
singulièrement obtus, en sortant de Langres, pour ne pas savoir que
le père de l'Encyclopédie était de la cité lingonne.
La quoi ? Ah, vous voulez dire : la cité de Diderot !
Encyclopédie vivante : haut débit pour hauts débuts
Diderot ! Diderot ? Le plus célèbre enfant de Langres est resté dans
l'histoire des idées comme le père de la première encyclopédie.
Tant pis pour D'Alembert. Tant mieux pour la Haute-Marne. L'Encyclopédie
a fait école. Celle d'aujourd'hui, pour beaucoup, c'est Universalis.
Un must ! Sa version en ligne, ce qui se fait de plus riche en français
toutes catégories confondues, et dont toutes les ressources pourraient
bien être très vite proposées en libre consultation aux
sud Haut-Marnais. Une exclusivité inimaginable il y a peu.
Encore faut-il que les habitants du territoire soient équipés,
formés. En récupérant, réactualisant, recyclant
les ordinateurs des grands comptes (de l'activité pour l'économie
solidaire locale), on s'équipe a peu de frais de machines communicantes
qui seront mises à disposition d'un public haut-marnais qui se croit à tort écarté des
nouvelles technologies. Pas des ordinateurs de papa alimenté au compte-goutte
par des modems poussifs d'avant guerre du Golfe. Il faudra du haut débit
pour de hauts débuts. Même et surtout à la campagne.
Par "encyclopédie", il ne faut plus entendre ici les savants
et magnifiques ouvrages, reliés plein cuir, conservé au Musée
de Langres. L'encyclopédie des descendants de Diderot sera vivante,
sans cesse renouvelée en temps réel par le savoir citoyen. L'Université rurale
du Pays de Langres pourrait en assurer la maîtrise d'ouvrage. Une entreprise
privée, TriVium se chargera de la dynamique de travail liée aux
arbres de connaissance.
Le
numérique
et le papier
Qui dit contenu électronique (e-Content) dit numérisation. Il
faut "scanner" des images, des textes des grands ouvrages du passé… et
de demain. Ensuite, on les fait circuler dans les "tuyaux" des réseaux
numériques publics ou privés, gratuitement ou en faisant payer
la consultation. La tâche est colossale. Ce contenu numérique
peut ensuite être publié de manière électronique
(Web, ordinateurs de poche type Palm ou Pocket PC) ou très classique,
sur papier. Plusieurs entreprises locales trouveront là des débouchés
surprenants.
Si les scanners nécessaires fonctionnent selon le même principe
que celui que l'on branche sur la prise USB de l'ordinateur familial, leur "vision" est
autrement plus fine, leur surface de travail autrement plus vaste… et
leur coût autrement plus prohibitif. On tire un trait, alors ? Nenni.
Le Pôle Diderot envisage d'acquérir du matériel à la
pointe de l'innovation et de partager les heures d'utilisation. Aux entreprises
de saisir l'opportunité de cette mutualisation des ressources. Le marché est énorme.
Des pays (au hasard : le Canada) projettent de numériser la totalité de
leurs archives.
À
plus court terme et très concrètement : dans quelques semaines,
le Pôle Diderot organise son premier symposium à Langres. On ne
va tout de même pas imprimer ses actes ailleurs qu'en Haute-Marne !
La plate-forme en grande forme
Il s'est trouvé quelqu'un, lors des Assises du développement,
pour regretter à juste titre, que la "matière grise" de
l'Éducation nationale n'était que trop rarement connectée à la
réalité de la vie des entreprises. Le Pôle Diderot intègrera
le volet langrois de la plate-forme technologique TIC évoquée
avant tout le monde par le Journal de la Haute-Marne voilà un an. La
revoilà. Concrète. Pleine de promesses, comme des transferts
de technologies au service des entreprises. On a aussi assez regretté,
toujours durant les Assises, qu'il n'y ait qu'un embryon (BTS) d'enseignement
supérieur en Haute-Marne pour ne pas apprécier les licences professionnelles
qui vont être crées ici ; pour ne pas accueillir les étudiants
doctorants envoyés par les universités concernées.
La plate-forme TIC sera départementale, et basée également à Chaumont
et Saint-Dizier. Sa mise en œuvre est inscrite dans le contrat de plan État-Région.
Elle sera l'interface moderne entre la "matière grise" des
uns et les besoins des entreprises haut-marnaises. À Langres, elle sera
orientée vers la gestion de contenus numériques".
On le voit, tout n'est pas virtuel. Ainsi, le Pôle Diderot va s'installer
physiquement au centre-ville de Langres, dans un immeuble de 400 m2 répartis
sur plusieurs étages rue du Cardinal-Morlot. La Ville de Langres et
le Pôle Diderot ont réalisé un recensement exhaustif des
surfaces vacantes utilisables dans la cité lingonne. Il ne suffit pas
de dire aux créateurs, graphistes, infographistes, webmasters etc. : «Venez
vous installer à Langres». Il faudra leur proposer des locaux
disponibles, équipés haut-débit, immédiatement
opérationnels. On n'aura pas mis la charrue avant les bœufs.
Un symposium pour
s'ouvrir l'appétit
Le Pôle Diderot doit se montrer. Pas seulement à Langres. Pour
son lancement, le Pôle organise un symposium international, les 14, 15
et 16 avril. Y participeront des chercheurs canadiens et français de
dimensions internationales : citons Michel Serres, Pierre Levy, Michel Authier
etc. 90 chercheurs assisteront à 18 communications retransmises outre-Atlantique
en visioconférence. Il s'agira pour eux de "cartographier la connaissance".
Vaste programme. Pertinent, aussi. Tout simplement parce qu'avec internet,
la masse des connaissances mise en ligne double tous les deux ou trois ans.
Cette croissance exponentielle présente un inconvénient : on
ne sait plus ou trouver, ni même comment chercher. Il faut reclasser
tout cela en fonctions de critères qui n'ont plus rien à voir
avec ceux choisis par Diderot et ses collaborateurs.
Ce premier symposium appellera d'autres colloques (Les Entretiens de Langres
?), des expositions temporaires. Celles de la Cité des Sciences – La
Villette et du Musée des Arts et Métiers seront visibles à Langres.
Les remparts ouvrent le portail
N'oublions pas les fondamentaux : pour la souris docile du Haut-Marnais moyen
de l'internet dans bas, qui dit Web dit sites. En utilisant les compétences
du Pôle Diderot, la Ville de Langres va se doter d'un site internet
dit "portail". Il ouvrira des portes (avec des liens) vers des
dizaines d'autres sites de toute nature : des associations, bien sûr,
mais aussi des petites et moyennes entreprises du Pays de Langres. Elles
seront ainsi répertoriées et joignables en un minimum de clics
pour tous les internautes qui feront de l'écran d'accueil de ce site
leur "home page" : celle qui s'ouvre automatiquement lorsque l'on
lance le navigateur internet. C'est depuis ce site, par exemple, que les
connectés du territoire bénéficieront d'un accès à l'Encyclopedia
Universalis.